Evidemment, l’accusation ne montre pas de gaîté de cœur ces photos violant de façon manifeste l’intimité des plaignants, mais il nous semble essentiel d’en passer par là pour bien comprendre l’ampleur de l’embarras des victimes, et de la perversité de l’accusé. Avec un air de professeur outré, l’avocat de la partie civile marche lentement devant les bancs des jurés ; il brandit des photos de femmes nues, photographiées chez elles à leur insu. Pour autant, les clichés sont loin d’avoir l’air volés ; la lumière est excellente, ainsi que le cadrage et la prise de vue. Aussi gênant que cela puisse paraître, on se prend même parfois à être déçu en apercevant le modèle original dans l’assistance. La salle est pleine : des femmes, majoritairement, mais aussi des hommes. Le procès se déroule bien à huis-clos, mais tous sont plaignants. Petit, mine grise et sans âme, l’accusé François R. semble beaucoup trop menu pour son box. Il n’a pas l’air de prendre la pleine mesure de ce qui lui arrive : tous ces gens autour de lui ont déposé une plainte collective à son encontre pour voyeurisme aggravé. On aurait bien voulu trouver d’autres chefs d’accusation, mais l’affaire est bien trop étrange pour qu’on puisse préjuger trop tôt des motivations de l’accusé. Paisiblement, un peu perdu, il répond avec calme aux questions qui lui sont posées. |