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"Vernor Vinge : La SF est plus populaire que jamais"


Entretien avec Vernor Vinge, écrivain scientifique lauréat du dernier prix Hugo pour son roman Aux tréfonds du ciel.
Vernor Vinge, 57 ans, écrivain américain de science-fiction, mathématicien et chercheur, a reçu le prix Hugo 2000 du meilleur roman à la 58e World Science Fiction Convention à Chicago pour A deepness in the sky, qui vient de paraître chez Robert Laffont. Scientifique par excellence, il écrit peu.
Ont également été publiés en France : Un Feu sur l'abîme (Robert Laffont "Ailleurs et demain", 1992, prix Hugo 1993) et La Captive du temps perdu (l'Atalante, 1996). Entretien d'après-prix par mail.

- Qu'avez-vous ressenti en recevant le prix Hugo du meilleur roman pour A deepness in the sky?
J'étais ravi. J'ai travaillé longtemps sur ce livre, et pour moi c'était un risque. C'est probablement mon meilleur roman. Il m'a pris deux ou trois ans de travail à plein temps sur cinq ans.

- Vous ne publiez pas beaucoup, pourquoi?
Jusqu'au 4 août 2000, j'enseignais les mathématiques et les sciences informatiques à l'Université d'Etat de San Diego. Je ne pouvais écrire que pendant les vacances.

- Avez-vous commencé à écrire de la science-fiction parce que vous étiez mathématicien ?
J'ai commencé à écrire de la science-fiction dès l'âge de huit ans. A l'époque, je rêvais d'être un grand scientifique, mais la science-fiction m'amusait beaucoup également. Et puis il se trouve que je ne suis pas devenu un grand scientifique...

- La science aide-t-elle à écrire la science-fiction ? La SF aide-t-elle à anticiper le futur ?
La science inspire la science-fiction. La SF nous permet d'imaginer différents scénarios dans l'avenir. Et je pense qu'elle nous aide à améliorer les chances de vivre un meilleur futur.

- Que pensez-vous de la science-fiction aujourd'hui ? Le genre a-t-il de l'avenir ?
Je pense que la SF est plus populaire qu'elle ne l'a jamais été. Elle pourrait bien devenir la littérature générale de la société technologique. Le meilleur de la SF aujourd'hui est au moins aussi bon que le meilleur d'il y a quelques années (bien que les nouveaux romans dépendent largement des anciens). Elle a un futur. Elle parle du changement, et elle a constamment de nouveaux enjeux à débattre et à imaginer.

- Vous avez développé le concept de "singularité"...
Si la loi de Moore se vérifie encore dans les vingt ans qui viennent, il paraît probable que nous pourrons réaliser des machines qui disposeront potentiellement de plus d'intelligence que les humains. Si nous sommes alors capables de programmer avec succès de telles machines, ce sera alors l'avènement d'une intelligence supérieure à l'intelligence humaine. Un tel événement sera comparable à la sortie de l'humanité du royaume animal. Après le monde sera incroyablement différent - d'où le terme de singularité. (Je l'ai développé longuement, avec une bibliographie historique sur mon site).



Brian Aldiss : «Nous vivons une utopie matérialiste»


A la fois écrivain bâtisseur d’univers et théoricien de la science-fiction, Aldiss revient aujourd’hui sur le devant de la scène. Son roman Mars blanche est une formidable saga martienne en forme d’utopie littéraire. De passage à Paris, Aldiss évoque ses sources d’inspiration.

- D’où vous est venu l’idée de base de votre dernier livre Mars Blanche ?
BRIAN ALDISS. - Actuellement, nous sommes si bien sur terre que nous y vivons presque une utopie matérialiste. Pourtant subsistent le crime, la violence et la misère. Pourquoi l’homme ne peut-il pas se bonifier ? Pourquoi la société semble-t-elle incapable de s’améliorer ? Il m’a semblé qu’il me serait assez simple d’imaginer quelques changements drastiques au sein de nos sociétés modernes qui pourraient mener le monde vers le bonheur. La question était la suivante : où tout cela pourrait-il se réaliser puisque cela est désormais impossible sur terre ? La réponse a été évidente : Mars !

Mars est déjà une planète surpeuplée sur un plan strictement littéraire : de William Burrough à Ray Bradbury, en passant par Kim Stanley Robinson...
- Oui, certes. La seule différence, c’est que ma planète Mars est vide. C’est la condition sine qua non de mon utopie littéraire. Cela me permet d’imaginer six mille personnes isolées sur une planète désertée et qui doivent donc se serrer les coudes... ou mourir.

Il est assez étonnant de remarquer que les écrivains mettant en scène des utopies romanesques soient tous britanniques, comme Thomas More, Aldous Huxley, George Orwell. Comment expliquez-vous ce phénomène ?
- C’est tout à fait frappant, en effet. Je n’avais jamais songé à cela. Tout cela doit sûrement venir de l’influence de Thomas More. Nous autres anglo-saxons sommes nés sur une île. Nous avons nécessairement été amenés à nous intéresser aux mécanismes de cette chimère politique. Après tout, en 1516 Thomas More situe son récit sur une île baptisée «Utopia», c’est-à-dire une île située «en aucun lieu». C’est sans doute pour cette raison que l’utopie est une forme littéraire totalement anglo-saxonne de concevoir le monde.

- Alors que dans votre œuvre, le second degré est constant, l’ironie est évidente, ce livre est assez positif, voire naïf. Vous êtes-vous contraint à ce type d’écriture ?
- Mes livres précédents dessinent une perspective beaucoup plus noire, c’est vrai. Pour tout vous dire... pendant la rédaction de ce livre, ma femme était en train de mourir d’un cancer. Ce roman, c’est le triomphe de la volonté humaine sur les circonstances les plus dramatiques.

- Le livre est pourtant gai, confiant, positif...
- Je sais. Si chaque livre parle un peu de son auteur, je crois que cette fois-ci, j’ai tenu à garder mes distances face au drame que j’ai vécu. Qui sait si ce roman n’a pas servi au contraire à me guérir - un peu- de l’immense chagrin que j’ai éprouvé à ce moment-là. Je sais que c’est un leurre, mais j’ai envie de penser que l’utopie est nécessaire à la mémoire du peuple des humains. Car sans cette vision, nous pouvons tous périr.

La mémoire est apparemment un thème qui vous tient à cœur. Pour quelles raisons ?
- Dans les années 80, j’ai été victime d’une maladie nommée PVFS -syndrome de fatigue post-virale- qui m’a rendu amnésique pendant une longue période. Perdre la mémoire, c’est ce qui peut arriver de pire à un romancier. Les médecins ne pouvaient établir aucun diagnostic. C’est une jeune femme psychiatre de formation, fraîchement sortie de l’école de médecine, qui l’a finalement établi. Je me souviens qu’elle était coiffée d’une toque et ne mettait pas de déodorant. Un déclic s’est produit en moi au moment où elle a mis un nom sur ma maladie. J’ai alors commencé à récupérer la mémoire...

«Mars blanche» de Brian Aldiss aux éditions Metailié.


Bilal, Apocalypse Nike
Un héros hypermnésique, une secte toute-puissante qui tire sur tout ce qui pense. Dans les ruines de Sarajevo, le Sommeil du monstre» d’Enki Bilal projette la planète dans un futur apocalyptique puisant ses sources dans un passé récent. Entretien.

New York, 2026 : dans un taxi survolant la ville, Nike Hatzfeld explique à une journaliste l’origine de sa «mémoire phénoménale». Il est né à Sarajevo, trente-trois ans plus tôt, c’était en 1993, en pleine guerre civile, et il se souvient de tout. Il a même réussi à remonter à son dix-huitième jour d’existence et pense parvenir jusqu’au jour même de sa naissance. Mais cette hypermnésie, qui lui a rapporté beaucoup d’argent — il est devenu un spécialiste mondial d’«investigation mémorielle» — et des maux de tête violents, lui pèse. Il voudrait bien se débarrasser de ce fardeau. Ce qui l’intéresse, c’est de retrouver Amir et Leyla, les deux autres orphelins nés quelques jours après lui dans le même hôpital au milieu de la même odeur de sang, et qu’il a juré de protéger toujours. Que sont-ils devenus ? Leyla vit dans une station spatiale et surveille l’univers où l’on vient de repérer les signes d’une vie extraterrestre. Amir survit à Moscou, mercenaire louant ses services au mieux-offrant. Quant aux projets de Nike, ils sont contrecarrés par les agissements d’Obscurantis Order, une secte terroriste militairement puissante et dont le but est la destruction de «tout ce qui touche à la pensée et à la science, à la culture et à la mémoire».
Les capacités extraordinaires de Nike intéressent en effet les chefs occultes d’Obscurantis et ils ont décidé de l’instrumentaliser : leurs émissaires, deux androïdes dont l’une ayant les traits de la chère Pamela, disparue depuis trois mois, tentent de l’approcher. Mais les scaphandriers volants du FBII veillent et vont récupérer Nike à leur profit en le faisant passer pour mort...

L’atmosphère du Sommeil du monstre, le nouvel album d’Enki Bilal qui paraît six ans après Froid équateur, est apocalyptique. La planète subit la loi des mafias, une série de catastrophes nucléaires a ravagé une grande partie de l’ex-Union soviétique et du Pakistan, une secte internationale s’appuyant sur les réseaux les plus intégristes des trois religions monothéistes et bénéficiant de fonds financiers énormes a entrepris son infernale entreprise d’«éradication» : attentats-suicides, grands autodafés, meurtres à grande échelle, en attendant la grande «Table rase». Les villes sont noires et déglinguées, plongées dans l’obscurité, balayées de vents glacials, envahies d’aliens, très dangereuses, inhumaines. Seules oasis encore vivables, les grands déserts terrestres et l’immensité de l’espace. Mais pour combien de temps ?
Tous les thèmes de la littérature d’anticipation sont là, Bilal excellant depuis longtemps dans le genre. La force de l’album, très sombre, vient de l’entrecroisement sophistiqué de ce proche futur et du passé réel à travers la remontée de Nike dans sa prodigieuse mémoire : Sarajevo, la guerre, Leyla, Amir, les snipers, les carnages, les charniers, les mouches à viande, évoqués seulement par des mots, Bilal réservant les images aux aventures adultes de Nike. Mais l’horreur du passé et celle du futur se télescopent dans un même cauchemar, car la mission de Nike programmée par le FBII passe par Sarajevo. Le voici de retour dans sa ville natale, survolant «Sniper Alley two» de nouveau désertée, séquelle d’un nouveau conflit ayant éclaté en 2012, la ville étant devenue depuis le «laboratoire» d’un intégrisme «rampant» censé faire rempart au fanatisme dur. La mémoire ne servirait-elle donc à rien ? Le souvenir de Sarajevo ne pèse-t-il donc rien ? La réponse de Bilal, qui est né et a passé les dix premières années de sa vie à Belgrade, semble bien pessimiste, comme s’il voulait conjurer le pire.
Commençons par le nom de votre héros, Nike Hatzfeld. Nike, c’est la marque de chaussures ou l’anagramme de votre propre prénom ?
Je ne me suis pas rendu compte tout de suite de cette ambivalence. En fait, j’étais à la recherche d’un nom qui ne sonne ni serbe, ni croate, ni musulman. Je voulais un personnage d’orphelin, dont on ne puisse déterminer par le nom les origines exactes, car dans les Balkans tout le mal vient de là, du nom, de l’origine. On vous demande toujours ce que vous êtes, serbe, croate, bosniaque, slovène... Je me souviens, lorsque je tournais à Belgrade mon premier film, en 1988, tout le monde me questionnait sur mon nom : Bilal, mais ça vient d’où, ce nom ? C’est pas serbe, c’est albanais ? «Nike» est le fils d’un homme abattu par un sniper, retrouvé sans papiers mais chaussé de baskets, d’où le surnom.

- Et Hatzfeld ?
C’est le nom du journaliste qui a retrouvé le bébé, en hommage à Jean Hatzfeld (1), que j’avais croisé à Bucarest après la chute de Ceausescu et dont j’ai beaucoup aimé les reportages et le livre sur la guerre en ex-Yougoslavie. Je trouvais que ce nom, Nike Hatzfeld, sonnait bien, c’était une identité accidentelle, neutre, qui correspondait à ce que je cherchais.

Cet album est-il votre vision après coup de la guerre en Yougoslavie ?
C’est trop tôt. Je porte cette guerre en moi, mais je ne pouvais pas, je ne voulais pas la montrer en images. J’ai donc eu l’idée d’un texte parallèle à la BD elle-même, dans lequel Nike, qui est doué d’une mémoire exceptionnelle, raconte la guerre à travers les quinze premiers jours de sa vie. Plus que la guerre, c’est la mémoire qui me préoccupe, cette faillite perpétuelle de la mémoire qui fait que l’Histoire ne cesse de se répéter. La Shoah n’a pas empêché la purification ethnique, et Sarajevo est pour moi la ville-emblème de cette faillite de la mémoire.
Et la mémoire, c’est avant tout du texte, ce n’est pas de l’image, même si ce texte peut à son tour faire naître des images : la chair rouge et vibrante d’un cadavre, ça ne se dessine pas, ça se nomme.

C’est un album difficile, qui exige beaucoup du lecteur.
J’ai l’impression d’avoir écrit un livre plus qu’une BD, avec deux niveaux de lecture. C’est un livre sombre, mais avec des moments de dérision : Nike a le nez perpétuellement cassé et sans cesse recousu, les nouveau-nés se plaignent sans cesse de l’état de leurs couches.
A un moment, apparaît dans le décor une affiche avec le portrait de Perec et la première phrase du livre est «I Remember». La Vie mode d’emploi est un livre qui m’a profondément impressionné, cette façon très libre d’engranger un imaginaire très particulier, à la fois très quotidien et très fou. J’ai dans mon atelier un portrait de Perec sous lequel j’ai composé presque tout l’album. D’une certaine manière, cet album est le «Je me souviens» d’un survivant de Sarajevo.

Le problème de Nike n’est pas l’amnésie mais l’hypermnésie.
Oui, d’ailleurs ça lui donne des maux de tête très violents ! Il va falloir que dans la suite de l’histoire, dont pour l’instant j’ignore tout, il transforme cette hypermnésie.

L’intrigue du livre se déroule dans trente ans. Est-ce de la science-fiction ?
Plutôt de la prospective. Ce qui arrive à Nike n’est pas très éloigné de ce qui se passe, sur le plan scientifique notamment : le clonage, les manipulations, les armes cinétiques, tout cela est plausible, très proche. Les villes aussi, on n’en est pas loin.

- Ces voitures qui volent, on a vu ça dans le Cinquième Elément ?
Mézières, qui a travaillé au scénario du film de Besson, a eu la même idée. Je ne le savais pas avant la sortie du film. C’était trop tard, je ne pouvais pas tout recommencer. Il y en avait déjà dans Blade Runner, c’est en train de devenir un code du genre, comme il y en a dans le western. Il fallait un peu d’air, d’altitude au-dessus de tout ce monde noir, glauque, obscur dans lequel évoluent Nike et ses deux amis.

- Votre adversaire, c’est l’obscurantisme.
Il est la conséquence de la faillite de la mémoire. Il a toujours existé, mais aujourd’hui, il prospère sur le terreau du fondamentalisme religieux, que ce soit celui des taliban afghans ou des extrémistes juifs, et il bénéficie de l’aide des mafias et des réseaux d’argent. C’est désormais la plus grande menace. Pendant cinquante ans, on a vécu entre deux blocs, et finalement ce bipolarisme était plus confortable : il y avait deux camps, et on était d’un côté ou de l’autre. Aujourd’hui, on ne sait plus, les intégristes d’un côté, le FN de l’autre, l’esclavage technologique partout : les élans nés après la chute du Mur semblent avec le recul bien naïfs, presque grotesques.

- Comment avez-vous travaillé ?
Case par case, sur de grandes feuilles blanches. Ce qui m’a donné une grande souplesse pour le montage, que j’ai entièrement effectué sur ordinateur. Au fond, je me suis servi de mon expérience du cinéma. J’ai inséré le texte de Nike au dernier moment, en le différenciant par sa typographie et son fond noir. J’ai relevé la table, et j’ai travaillé debout : un crayonné rapide, agrandi par photocopie, sur laquelle j’ai peint avec l’acrylique et le pastel. Finies la gouache et l’encre de Chine ! Cette manière de travailler m’a donné beaucoup d’énergie et de plaisir. Je me suis senti beaucoup moins bridé qu’assis, le poignet coincé par la table. Cela a été comme une redécouverte de ce travail, que j’aime par-dessus tout.
(1) Journaliste à Libération.


Andreas Eschbach


Né à Ulm en 1959, Andreas Eschbach est informaticien et ingénieur en aéronautique et en astronautique. Auteur de quatre romans, dont le très remarqué Des Milliards de tapis de cheveux (L’Atalante), il est la grande figure de la science-fiction allemande contemporaine.

Bibliographie
- «Des Milliards de tapis de cheveux» (1999, L’Atalante)
- «Station solaire» (2000, L’Atalante)
- «Jesus Video» (1998, L’Atalante)


- Vous venez de remporter, pour Un Milliard de tapis de cheveux, le Grand prix de l’Imaginaire 2001, la plus importante récompense de science fiction française. On vous a décerné plusieurs prix en Allemagne et en Belgique...
- Je ne savais même pas que ces prix existaient. Je n’écris pas pour gagner des prix, mais pour fasciner les lecteurs. Mon plus grand plaisir, c’est d’écrire. Mon souhait le plus grand en ce moment, c’est de rentrer chez moi pour me mettre à mon bureau. Une voix me répète sans arrêt: «Tu devrais être en train d’écrire».

- Comment vous est venu l’idée de Des Milliards de tapis de cheveux, votre premier roman ? - Quand j’étais jeune, ma mère confectionnait un tapis. Elle y passait des heures et des heures, l’hiver. Je me suis rendu compte que faire un tapis prenait du temps. Et je me suis dit que ce serait encore plus long si j’y mettais des cheveux à la place. Une tâche extrêmement inutile, en fait... Le premier chapitre du roman est une nouvelle que j’ai publiée en 1985 dans un magazine. Je l’ai reprise pour en faire un roman. J’ai trouvé amusant de l’écrire en plusieurs histoires indépendantes et de donner à cet ensemble l’apparence d’un roman. Ça me rendait la tâche plus facile, car c’était comme si j’écrivais plusieurs nouvelles.

- Depuis quand écrivez-vous et lisez-vous de la science fiction ?
J’écris depuis que j’ai douze ans. Mes tiroirs sont pleins d’histoires et de manuscrits. Je voyage à la frontière entre la littérature générale et la science fiction. La SF permet d’exprimer plein de choses. J’en ai lu beaucoup, et mes lectures m’ont évidemment influencé. J’aime bien Orson Scott Card, Robert Heinlein et pendant longtemps j’avais dans ma bibliothèque un livre de Alain Dorémieux intitulé Promenade au bord du gouffre que j’aimais beaucoup. Pour que j’apprécie vraiment un roman, il faut qu’il s’y passe quelque chose d’extraordinaire.
Je ne suis pas pour l’existence d’une catégorie SF. Bien sûr, cela permet aux gens d’aller directement vers ce qu’ils aiment. Mais en même temps cet étiquetage est arbitraire. Regardez Tous les hommes sont mortels de Simone de Beauvoir. Ce n’est pas du tout classé comme de la SF, et pourtant, quelque part, ça en est. Autre exemple, Jesus Video, mon troisième roman, est mon plus grand succès en Allemagne parce qu’il n’est pas estampillé SF.

- On vous considère comme le chef de file d’une renaissance de la SF allemande. Utopia a pour ambition d’être un pôle de rassemblement de la SF européenne. Pensez-vous qu’il y ait un vrai particularisme du genre en Europe ?
- Je n’ai quasiment pas lu de SF française parce que ce n’est pas traduit en Allemagne. A part le roman de Dorémieux que j’évoquais tout à l’heure. J’ai d’ailleurs suggéré à mon éditeur de traduire Etoiles mourantes de Jean-Claude Dunyach et Ayerdhal. Je pense qu’il y a une voix commune dans la SF européenne. C’est difficile à expliquer, mais à mon avis, certaines histoires ne peuvent être écrites que par des auteurs qui vivent et ont grandi en Europe.

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