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Festival du film fantastique de Gérardmer 2005 | Grosses conséquences climatiques



GROSSES CONSEQUENCES CLIMATIQUES

Petit additif à l’article de Spooky sur Le Jour d’Après… (dans un Ansible précédent) au sujet de la «crédibilité» d’un tel refroidissement à l’échelle planétaire. Effectivement, tel que ça nous est présenté dans le film on a du mal à y croire, surtout de nos jours où l’on parle beaucoup de « réchauffement de la planète » et d’ « effet de serre ». On aurait donc plutôt tendance à penser que dans les années à venir ce sera l’inverse d’une glaciation qui se produira, que les températures vont augmenter, que les étés seront autant de périodes caniculaires, que nos glaciers vont disparaître plutôt que s’étendre, que les inondations et montées des eaux vont devenir monnaie courante …

Oui, mais… et bien oui il y a un MAIS !

Des études récentes à ce sujet poussent la réflexion un peu plus loin et proposent une hypothèse nommée « le paradoxe du Gulf Stream » tout à fait intéressante et que je vais essayer de résumer au mieux (pour autant que j’aie bien tout compris !).

Le climat tempéré de l’Europe occidentale tel que nous le connaissons est en grande partie dû à la chaleur véhiculée par le courant marin qui traverse l’Atlantique Nord depuis le Golfe du Mexique jusqu’à la Mer du Nord, le fameux Gulf Stream. Celui-ci fonctionne selon un mécanisme dit de « tapis roulant », c’est à dire d’Ouest en Est en surface, charriant un courant chaud du Mexique se refroidissant lentement jusqu’à nos côtes, avant de repartir plus en profondeur en sens inverse, charriant un courant plus froid depuis l’Europe du Nord. Les scientifiques (et entre autre Wallace S. Broecker, professeur de géologie à l’université de Columbia) ont démontré que ce courant est intimement lié à la salinité de l’eau. Au point qu’une infime variation de cette dernière pourrait avoir une énorme influence sur le courant océanique et l’effet « tapis roulant ». Or le réchauffement de la planète a un effet principal : beaucoup plus de précipitations dans nos régions tempérées, et la fonte inquiétante des glaciers depuis les Alpes jusqu’à l’Oural en passant par le Pôle et le Groenland. La crainte des scientifiques est donc la suivante : l’eau douce ainsi libérée par la hausse des températures de l’atmosphère va se retrouver tôt ou tard en mer … et y modifier de manière suffisamment conséquente la salinité de l’eau ! Dès lors, la chaîne des effets-conséquences est assez simple à comprendre : températures en hausse Þ volume d’eau douce en augmentation Þ baisse de la salinité de l’eau sur les côtes d’Europe de l’Ouest Þ déviation, ralentissement, voire arrêt complet du Gulf Stream Þ grosse baisse des températures dans nos contrées !!

Les estimations et calculs avancés sont impressionnants : à terme une chute d’une dizaine de degrés Celsius en Europe !! Ce n’est pas encore la « glaciation » à proprement parler, mais c’est déjà un beau rafraîchissement !! Cela revient à dire une vingtaine de degrés en plein été et de fréquents –15/-30°C en hiver ! Ouch !! Tout ceci fonctionne en vases communicants bien sûr, selon des cycles naturels plus ou moins lents. Mais ces estimations concernent tout de même une évolution sur un délai pas si long : un siècle environ. Alors bien, sûr de là à observer des rhinocéros laineux sur les Champs-Élysées on n’y est pas encore, mais mieux vaut prévoir quelques couvertures chauffantes en plus de votre crème à bronzer pour le siècle à venir !!!

Quelques adresses pour trouver des infos supplémentaires sur ce sujet :
et puis là

Ou encore là

Marv’.




FESTIVAL DU FILM FANTASTIQUE DE GERARDMER : FANTASTIC’ARTS 2005

La 12ème édition de Fantastic’arts s’est finalement déroulée (après avoir trouvé in extremis les derniers partenaires pour obtenir les fonds nécessaires) du 26 au 30 janvier dernier. C’est LE rendez-vous de la fin janvier à ne pas manquer ! Pour ma part j’y assiste depuis 1999. Le festival a ainsi primé des films tels que Le jour de la bête (1996), Scream (1997), Bienvenue à Gattaca (1998), Cube (1999), Hypnose (2000), Fausto 5.0 (2002), Dark Water (2003) ou Deux sœurs (2004). Le principe du festival est de présenter des films d’horizons différents (Asie, Europe, Etats-Unis,…) autour d’un même thème. Cette année, il s’agissait des « états d’âmes ».

LES LONGS METRAGES EN COMPETITION :

Puisqu’il s’agit d’une compétition, il y a bien entendu un jury… Présentation du jury longs métrages :

- Barry Levinson, président du jury, réalisateur (Good Morning Vietnam, Rain Man, Harcelement, Sleepers, Sphere…).

- Amira Casar, comédienne (La vérité si je mens 1&2, Anatomie de l’enfer...).

- Marina de Van, comédienne (8 femmes, Dans ma peau, …).

- Agnès Soral, comédienne (Tchao Pantin, Hommes Femmes Mode d’Emploi, l’Incruste…).

- Laurent Bouhnik, réalisateur (24 heures de la vie d’une femme…)

- Eric Lysoe, écrivain (Les kermesses de l’étrange, Littératures fantastiques, …).

- Jonathan Zaccaï, comédien (Coupable d’innocence, Le plus beau jour de ma vie, …).



Ab-Normal Beauty : Hong-Kong, de Oxide Pang (The Eye).
Jiney est étudiante en arts. En photographie, elle est toujours première de sa promo, cependant les photos qu’elle présente ne lui plaisent pas. Un jour, elle est témoin d’un accident de voiture mortel et se sent poussée à le photographier. C’est une révélation pour elle, c’est la première fois qu’elle trouve une forme d’esthétisme dans ses photographies. Elle développe alors un goût pour le macabre, qui décontenance ses amis et elle devient obsédée par l’idée de fixer le moment de la mort.

Avis perso : C’est un film qui débute lentement, ce qui lui coûte cher côté critique, car beaucoup de personnes n’ont pas aimé ce film trop « mou » à leur goût. Pour ma part, c’est peut-être ma passion pour la photographie qui m’a permis d’accrocher dès le début. Dans la deuxième partie, le rythme est plus soutenu. L’actrice principale (Race Wong) est à fond dans son rôle.



Bunshinsaba (Incantations) : Corée du Sud, de Ahn Byung-Ki (Phone).
Une élève, malmenée par des camarades de classe, décide de leur jeter un sort en invoquant le fantôme d’une jeune fille morte il y a 30 ans. La première élève maudite périt mystérieusement dans les flammes. L’engrenage commence et l’école sombre de plus en plus dans le chaos au fur et à mesure que les 4 filles qui on été damnées décèdent … On pense alors que tout ceci va s’arrêter, mais le fantôme s’empare du corps de l’élève brimée pour se venger de son passé.

Avis perso : Dans la lignée des Ring, le fantôme apparaît sous les mêmes traits : même tête baissée, mêmes cheveux longs noirs cachant le visage et même yeux. Mêmes apparitions « chocs » du fantôme à l’écran avec la même musique stridente qui l’accompagne. A voir malgré tout.



Calvaire : France, Belgique, Luxembourg, de Fabrice du Welz.
Marc Stevens est chanteur. Il part de l’hospice où il donne habituellement ses représentations pour tenter sa chance lors d’un gala. Il prend donc la route, mais tombe en panne en pleine nuit, pendant un orage, au beau milieu de nulle part. Il s’abrite alors chez un aubergiste, Monsieur Bartel. Ce dernier est psychologiquement fragile depuis que son épouse, Gloria, l’a quitté. L’arrivée de Marc, qui lui rappelle le côté « artiste » de Gloria, va lui permettre d’entrevoir la possibilité de sortir de sa dépression. C’est alors que commence le calvaire de Marc…

Avis perso : Laurent Lucas (Harry, un ami qui vous veut du bien) joue le rôle de Marc Stevens, la victime et Jackie Berroyer celui de Monsieur Bartel, le bourreau. Jackie Berroyer est plus que convaincant dans son rôle. La scène de la danse dans le bar est déjà culte ! Un film à voir ! Fabrice du Welz, réalisateur à suivre ! Je conseille d’ailleurs son court métrage du même style Quand on est amoureux c’est merveilleux  (2000) avec Edith le Merdy et déjà Jackie Berroyer.



Hypnos : Espagne, de David Carreras.
Une jeune psychiatre est engagée dans un sanatorium spécialisé dans l’hypnose. Un patient énigmatique atteint d’amnésie va l’entraîner dans une spirale infernale. Réalité et fantasme se confondent alors dans l’esprit perturbé de la jeune femme.

Avis perso : le film m’a un peu rappelé Gothika. Le réalisateur s’amuse à nous tromper et à nous faire partir sur plusieurs pistes. Même si l’intrigue se dénoue au fur et à mesure, ce n’est qu’à la fin du film que l’on arrive à comprendre et replacer les évènements dans l’ordre.



One missed call (La mort en ligne) : Japon, de Takashi Miike (Dead or alive, Audition, Gozu, The Happiness ok katakuris,…).
Une jeune collégienne reçoit un mystérieux appel sur son téléphone portable. L’appel vient de son propre téléphone 3 jours dans le futur et le message est le son de ses propres cris. Trois jours plus tard, elle est retrouvée morte dans un étrange accident à l’heure exacte de l’appel.

Avis perso : Je ne peux que vous retranscrire le résumé officiel puisque je n’ai pas vu ce film. La majorité des personnes que j’ai rencontrées au festival sont d’accord pour dire que le film a des aspects de Ring, avec des scènes très efficaces (à vous faire sursauter dans votre siège !), mais qu’il ne ressemble pas aux films auxquels Miike Takashi nous avait habitués jusqu’à présent.



La peau blanche : Canada, de Daniel Roby.
Deux étudiants et amis, Thierry de race blanche et Henri de race noire, cohabitent dans le même appartement. Thierry fait la connaissance de Claire, une femme énigmatique qui cache en elle un lourd mystère. Il en tombe follement amoureux, pourtant elle possède la seule caractéristique qu’il n’aime pas chez une femme : elle est rousse à peau très blanche. Malgré les tentatives de Claire pour décourager Thierry, ils sont irrémédiablement attirés l’un vers l’autre.

Avis perso : Le film est tiré du roman du même nom de Joël Champetier. Un film qui parle de racisme de manière originale. Il se déroule dans la vie d’aujourd’hui et donne vraiment l’impression que cela peut arriver. Un film prenant du début à la fin !



Saw : Etats-Unis, de James Wan.

Deux hommes, le docteur Lawrence Gordon et Adam, se réveillent enchaînés au mur d’une salle de bain insalubre. Ils ignorent où ils sont et ne se connaissent pas. Au milieu de la pièce un cadavre entouré d’une mare de sang … Ils trouvent un message adressé à chacun d’eux, qui leur apprend que l’un doit absolument tuer l’autre d’ici huit heures, sous peine d’être abattus tous les deux…

Avis perso : On est captivé de la première à la dernière seconde du film, on est tenu en halène. Il est très bien mis en scène, avec des «flash back » explicatifs. Il est déjà comparé à Seven et aura autant de succès j’espère. Je vous conseille vraiment d’aller le voir, mais ne lisez peut-être pas trop d’articles auparavant sur le film pour ne pas être déçu à sa sortie et surtout pour ne pas gâcher le final (c’est comme si on vous dévoilait la fin de Sixième sens avant de l’avoir vu … grrrrrrrrr !!!).



Trauma : Royaume Uni, de Marc Evans.
Ben sort du coma après un accident de voiture qui a coûté la vie à sa femme. Il tente de reconstruire sa vie, mais il est hanté par le souvenir de son épouse et perd pied avec la réalité. Il fait connaissance avec sa nouvelle voisine, qui le conseille et essaie de l’aider en l’emmenant chez un médium.

Avis perso : On découvre Colin Firth (Le journal de Bridget Jones, Love Actually,…) dans un autre registre que la comédie. Tout le film repose sur l’intrigue : est-il fou ou non ? Le film dégage une atmosphère très pesante… pour une fin un peu banale… Malgré tout Colin Firth tient très bien son rôle.



Trouble : France, Belgique, de Harry Cleven.
Matyas (Benoît Magimel) partage une existence heureuse avec Claire (Natacha Regnier), enceinte de 8 mois, et son petit garçon Pierre. Matyas est orphelin depuis l’âge de 6 ans et n’a gardé aucun souvenir de sa petite enfance. Un jour, il apprend à la fois le décès de sa mère, qu’il croyait morte depuis longtemps, et l’existence de son frère jumeau, Thomas.

Avis perso : Là aussi, ce n’est que le résumé officiel que je vous propose, n’ayant pas vu le film. Les avis divergent : certains pensent qu’il s’agit d’un « grand » film, tandis que d’autres le trouvent « moyen ». Par contre, ils mettent tous en avant la prestation des acteurs Benoît Magimel et Natacha Regnier. A voir donc pour s’en faire une meilleure opinion…



LES FILMS EN AVANT PREMIERE OU SEANCES SPECIALES :

Sky Captain and the world of tomorrow : Etats-Unis, de Kerry Conran.
Tout commence par la disparition de scientifiques de renommée mondiale et par l’attaque des grandes villes de la planète par une armée de robots qui détruisent tout sur leur passage. La reporter Polly Perkins (Gwyneth Paltrow), aidée par le pilote Capitaine Sky (Jude Law), décide d’enquêter. Ils découvrent alors que le Docteur Totenkopf est derrière ce complot et tentent de l’arrêter.

Avis perso : Il s’agit du premier film totalement tourné en bluescreen à sortir sur les écrans (le second sera Sin City de R. Rodriguez et F. Miller). Les effets spéciaux sont réussis. Un film qui se regarde avec plaisir, mais sans plus.



Arahan : Corée du Sud, de Ryoo Seung-Wan.
Sang-Hwan est un jeune policier naïf, qui souhaite ramener la justice dans le monde. Mais dans la réalité, il est impuissant face à la corruption des hauts fonctionnaires et des gangsters locaux. En tentant d’arrêter un malfrat, il est accidentellement assommé par Jang Woo-rim, la fille de Jaun. Ce dernier est un membre des 7 Grands Maîtres, un groupe de maîtres des arts martiaux, gardiens du secret d’Arahan. Jaun pense alors trouver en Sang-Hwan l’héritier qu’ils attendent depuis longtemps.

Avis perso : C’est un film dans le genre de ceux de Jackie Chan, avec un Sang-Hwan aussi gaffeur que notre Pierre Richard.



Camara Oscura (Deadly Cargo) : Espagne, de Pau Freixas.
Cinq personnes partent faire de la plongée sous-marine et découvrent le cadavre d’un homme flottant à la surface. Leur bateau coule peu après, suite à une avarie et ils se retrouvent seuls au milieu de l’océan. Alors qu’un navire marchand passe non loin d’eux et qu’ils s’apprêtent à demander de l’aide à ces marins, ils sont témoins d’un horrible meurtre. Ils décident tout de même de monter clandestinement à bord du bateau.

Avis perso : le film est prévisible et rien de vraiment captivant ne se passe. On ne manque rien à ne pas le voir.



Save the green planet : Corée du Sud, de Jang Jun-Hwan.
Un jeune homme et sa compagne kidnappent un riche industriel pour lui faire avouer qu’il est un extraterrestre. Ils sont persuadés qu’il vient de la planète Andromède et a pour mission de détruire la terre.

Avis perso : Après avoir vu le film, entendu et lu les avis de chacun, j’ai bien l’impression que je suis une des seules à ne pas avoir apprécié le film. Il s’agit d’un film déjanté où les kidnappeurs portent des casques de chantier (avec des hélices et différents composants) sensés les protéger du soi-disant extraterrestre qui communique (d’après eux) télépathiquement par ses cheveux… Le film est à rallonge, on colle une idée bizarre derrière l’autre et les 1h58 du film semblent interminables.



Cinq autres films ont été présentés mais je n’y ai pas assisté :

- The Eye 2 : Hong Kong, de Oxide&Danny Pang. Un deuxième volet qui n’est apparemment pas la suite du premier. Les avis divergent.
- Bubba ho-tep : Etats-Unis, de Don Coscarell. Je regrette de n’avoir pu assister à la diffusion de ce film. Résumé : une petite ville du Texas est menacée par une terrible momie. Deux pensionnaires de l’asile local unissent leurs forces pour la combattre. L’un d’eux est l’authentique Elvis Presley (Bruce Campbell) et l’autre un homme qui se prend pour John F. Kennedy… L’histoire semble originale et je n’ai entendu que des bonnes critiques après la diffusion du film.
- Hair High : Etats-Unis, de Bill Plympton. Film d’animation.
- Koma : Chine, de Lo Chi-Leung.
- Strings (le fil de la vie) : Danemark, de Anders Ronnow Klarlund. Séance spéciale enfants.
- House of 1000 Corpses : Etats-Unis, de Rob Zombie.

Les autres longs métrages qui ont été diffusé sont des rétrospectives par rapport au thème « états d’âmes » et des films en hommage à Roger Corman, invité d’honneur cette année.



LES COURTS METRAGES EN COMPETITION :
Le jury :
- Alain Berberian : président du jury, réalisateur (La Cité de la Peur, Paparazzi, Le Boulet, L’Enquête Corse,…).
- Aurore Auteuil : comédienne (36, Quai des Orphèvres,…).
- Alexandra Kazan : comédienne (Le Genre Humain,…).
- Stomy Bugsy : comédien et chanteur (Les Jolies Choses, Le Boulet, Gomez et Tavares, …).
- Grégoire Colin : comédien (La Reine Margot, La Vie Rêvée des Anges, …).
- Stéphane Metzger : comédien (Doberman, Assassins, L’Homme est une femme comme les autres, Michel Vaillant, 36 Quai des Orphèvres, …).



Sept films sont présentés en compétition, malheureusement je n’ai pas pu les voir :

- A message from outer space : Belgique, de Roel Mondelaers et Raf Reyntjens
Frits, un astronome solitaire et retiré du monde, est désespérément à la recherche d’une vie extraterrestre car il espère ainsi trouver l’amitié qu’il ne rencontre pas sur Terre. Lorsqu’un œuf tombe sur sa tête, il reprend espoir.
- Le bon, la brute et les zombies : France, de Abel Ferry
Pour protéger ses terres ancestrales, un vieux shaman ramène à la vie des zombies. Son ami de toujours, Petit Cowboy, doit entraîner ces bons à rien pour en faire de valeureux guerrier. Mais pour l’instant, « c’est pas gagné » !
- L’empreinte de l’ange : France, de Chris Reynaud
Une civilisation très évoluée expédie un engin spatial dans un univers parallèle au sien. Cette ultime frontière atteinte, Oria, la femme pilote du vaisseau, s’apercevra que cette nouvelle dimension est notamment, pour elle, de l’ordre de l’infiniment grand.
- Frissons d’été : Canada, de Bruno Philip
Une nuit d’été torride, un couple dort dans leur nouveau logement. Au beau milieu de la nuit, l’homme est brusquement sorti de son sommeil par un bruit étrange. Il se met à chercher l’intrus dans la pénombre.
- La main : France, de Cédric Derlyn.
Un jeune homme va demander la main de sa promise.
- Organik : France, de David Morlet.
Marco et Sonia ont enfin l’opportunité de repartir à zéro pour se construire un avenir. Mais dans l’ombre, tiraillé par ses démons, Marco prépare un dernier coup.
- Thinning the herd (Sélection naturelle) : France, de Rie Rasmussen.
Après avoir fini sa garde de nuit, une jeune albinos revient à son appartement pour constater qu’un dangereux tueur qui s’attaque aux handicapés l’attend pour en faire sa prochaine victime.



INEDITS VIDEO EN COMPETITION :
Le magazine MAD MOVIES est le parrain de cette compétition et a remis au nom du public le prix MAD MOVIES du meilleur film sortant directement en vidéo. Six films sont présentés dans cette catégorie :
- Sœurs de glace : Canada, de Matt Hastings.
- Into the mirror : Corée du Sud, de Seong-Ho Kim.
- Hellraiser 6 : Etats-Unis, de Rick Bota.
- The Locals (Bad trip) : Nouvelle Zélande, de Greg Page.
- La mutante 3 : Etats-Unis, de Brad Turner.
- Shallow Ground : Etats-Unis de Sheldon Wilson.



LE PALMARES DU FESTIVAL FANTASTIC’ARTS 2005 :

Prix littéraire : Le Mort-Homme de Denis Bretins.
Prix des inédits vidéo : Into the mirror, de Seong-Ho Kim.
Grand prix des courts métrages : Organik, de David Morlet.
Prix 13ème Rue : Trouble de Harry Cleven.
Prix Première : Calvaire, de Fabrice du Welz.
Prix de la critique internationale : Calvaire, de Fabrice du Welz.
Prix du jury jeunes : Saw, de James Wan.
Prix du jury : ex-aequo Saw de James Wan et Calvaire de Fabrice du Welz.
Grand prix : Trouble de Harry Cleven.

Marie HOEGEL.
ANSIBLE IN WONDERLAND

Qui aurait cru que l’une des grandes sources d’inspiration des plus grands œuvres de la fantasy (au sens large) anglaise était ce coin perdu, ce cœur blotti comme dans un couffin au centre de l’Angleterre ? Je veux parler des Cotswolds, cet ensemble de villages au nord-ouest de londres. Des façades couleur de miel, des rivières transparentes, une nature verdoyante où l’étonnement vous prend au détour du chemin… Wootton, par exemple, ça ne vous dit rien ? Mais si ! Smith of Wootton Major, autrement dit l’un des romans de Tolkien (Ferrant de Bourg aux Bois, dans l’éditon Pocket française). Dans le même ordre d’idée, je suis passé à proximité de Rivendell («Fondcombe» en VF), la cité elfique où la Communauté de l’Anneau s’est formée. Et que dire de Bag End ? En plus du fait que l’une des tantes de Tolkien vivait dans un lieu-dit du même nom, j’ai dormi dans un B&B à East End, près de Woodstock, une maison qui aurait pu être celle d’un hobbit. Rappelons que Bilbo le Hobbit est originaire de Hobbiton-upon-the-Water. Un nom qui ressemble curieusement à celui de Bourton-on-the-Water, l’un des principaux villages des Cotswolds. Privet Drive, ce nom dit quelque chose aux fans de Harry Potter ; un lieu-dit porte ce nom dans la vallée de la Stour. Il faut dire que nombre de noms de lieux anglais et gallois sont très descriptifs. Pas mal d’écrivains sont originaires ou ont vécu dans ce district des Cotswolds. Citons Beatrix Potter (Le Monde de Peter Rabbit...), William Shakespeare (Stratford-upon-Avon, sa ville natale, est la limite septentrionale de la région), JRR Tolkien (qui a vécu et enseigné à Oxford, également dans le secteur), Lewis Carroll (de nombreuses échoppes ont repris les personnages d’Alice au pays des merveilles), Francis Bacon… Et notez que nombre de scènes des quatre (je dis bien quatre, puisque le quatrième était en tournage au moment même où nous y passions) Harry Potter version cinéma sont tournées à la Bibliothèque Bodléienne, à… Oxford. Il semblerait que ces contrées aient inspiré pas mal de gens. Comme Stephen King, l’Horrorus Rex, à l’occasion auteur de fantasy qui est venu ici visiter le site tri-millénaire de Stonehenge.

En résumé, allez faire un tour dans les Cotswolds, ça vaut le détour.

Spooky




MICHAEL CRICHTON

Voilà un roman que j’ai dévoré d’une traite. Non seulement pour coller à l’intrigue (qui se déroule en une semaine), mais surtout parce qu’il est palpitant. Et ce, quasiment de bout en bout. Un laboratoire travaille sur de nouvelles applications des nanomachines, vous savez, ces robots microscopiques que l’on dit capables de réparer le corps humain. Mais cette fois-ci, le Pentagone souhaite en faire des espèces d’avions espions indétectables, et surtout, indestructibles. Une équipe de programmeurs informatiques et de biologistes caractérise ces nanomachines sur le modèle comportemental prédateur/proie, avec la possibilité de s’adapter à toutes les conditions. Mais leur création leur échappe. Et apprend, s’adapte. Le début du roman est un peu déroutant. Nous avons un informaticien brillant, Jack, qui se retrouve au chômage. Il en profite pour s’occuper un peu plus de ses enfants, car sa femme passe de plus en plus de temps au travail. Celle-ci se comporte bizarrement. Leur plus jeune enfant tombe subitement malade, et guérit tout aussi vite, sans raison apparente, dans l’indifférence totale de sa mère. Se faisant engager par Xymos, le laboratoire où travaille sa femme, il va tenter d’y voir plus clair. La réalité est bien au-delà de tout ce qu’il aurait pu imaginer. Bien pire. Grâce à une base scientifique totalement crédible, l’intrigue concoctée par Crichton se révèle à la fois terriblement prenante et très facile à appréhender. Malgré une fin un poil rocambolesque, il est difficile d’en décoller. Crichton est décidément un auteur brillant.


Je suis à peu près certain que chacun d’entre vous a vu ou lu une oeuvre de Michael Crichton. mais vous ne le savez pas encore. En effet, cet ancien médecin, né en 1942 à Chicago, commence à écrire des romans policiers à l’âge de 23 ans. En 1969, il publie La Variété Andromède, qui parle de l’invasion d’un virus extraterrestre. Le succès venant, il décide de devenir écrivain à plein temps. Ne tenant pas en place, il sillonne l’Asie, gravit le Kilimandjaro, traque le gorille et l’éléphant d’Asie. S’intéressant à une multitude de sciences et techniques (primatologie, neurobiologie, biophysique, économie, histoire des pays nordiques et génétique... entre autres), il les applique dans des romans souvent brillants, aussi bien au niveau technique que de l’écriture. Ce n’est pas une preuve de qualité, mais une bonne part de ses romans ont été adaptés à l’écran avec succès. Crichton a lui-même écrit quelques scénarios, et réalisé sept longs-métrages, dont La grande attaque du Train d’or en 1979, avec Sean Connery et Donald Sutherland, ou encore Mondwest en 1973 avec Yul Brynner...

Interrogé sur sa manière de travailler, Crichton révèle quelques éléments : il s’installe à l’écart de chez lui, de manière assez régulière : un démarrage lent, un arrêt, puis une reprise et une activité allant crescendo jusqu’à la conclusion de l’ouvrage. Ses sujets ? des thèmes qui secouent l’actualité, voilà pourquoi on se sent si proche de ses histoires. Crichton réalise des dossiers, composés d’articles de presse (spécialisée ou non), d’études et de documents divers. Et ceci dans toutes les directions : géopolitique, religion, physique, bioéthique, sociologie, botanique... Les dossiers s’accumulent, et un jour, Crichton sent qu’il est mûr pour en faire le sujet d’un livre. il essaie toujours de placer son personnage principal dans une position inextricable. Ses textes répondent à une double exigence : la rigueur scientifique, mais également le divertissement pour le lecteur lambda de thrillers.
En prise directe avec son époque, soucieux des préoccupations de la société, Michael Crichton prouve à chaque sortie qu’il est un grand auteur.

Voici une liste quasi exhaustive de ses oeuvres. Chaque titre est suivi de la date de publication en France, puis celle de son adaptation sur grand écran, ce qui peut expliquer les décalages dans un sens ou dans l’autre.

La Variété Andromède (1970) : Un virus extraterrestre tente de décimer les humains. La résistance s’organise.

Jurassic Park (1992/1993) : Avant le choc cinématographique réalisé par Spielberg, il y eut un roman palpitant et véritablement révolutionnaire.

Soleil Levant (1993/1992) : Deux policiers, dont un vétéran féru de culture japonaise, vont mener l'enquête sur un crime commis dans le milieu nippon de Los Angeles.

Extrême urgence (1973) : Un médecin asiatique est suspecté d’avoir tué une jeune femme marginale. Edgar du meilleur roman policier 1973.

Les Mangeurs de morts (1996/1999) : Adapté au cinéma par John Mc Tiernan sous le titre Le 13ème guerrier, ce roman conte l’aventure d’un noble arabe envoyé en exil en Scandinavie au 10ème siècle. histoire vraie, choc des cultures que Crichton a trouvé dans des écrits anciens.

Harcèlement (1994/1994) : Deux anciens amants se retrouvent en bonne place pour obtenir la même fonction, au sein de la même entreprise. Chacun accusera l’autre de harcèlement sexuel. Le film avec Demi Moore et Michael Douglas fit beaucoup parler de lui en son temps.

Le Monde perdu (1996/1997) : Crichton a écrit cette suite de Jurassic Park dans l’optique d’une nouvelle adaptation au cinéma. Il s’agit également d’un hommage au roman éponyme de Conan Doyle, au sujet semblable.

Congo (1995/1994) : Une chaîne volcanique aux confins du Zaïre et de l’Ouganda recèlerait des gisements de diamants d’une pureté inégalée. Mais les lieux sont gardés. Le film qui en fut tiré s’avère d’une facture honnête.

Un Train d’or pour la Crimée (1978/1979) : 1855, Edward Pierce décide de dévaliser le train qui transporte les lingots d’or destinés à payer les soldats anglais qui se battent en Crimée.

Sphère (1988/1998) : Un groupe pluridisciplinaire de scientifiques est envoyé au fond des océans à la rencontre d’un étrange vaisseau spatial. Le film de Barry Levinson vaut plus que les critiques assassines reçues à sa sortie. A noter un casting de stars (Dustin Hoffman, Sharon Stone, Samuel L. Jackson)

Turbulences (1999) : Basé sur plusieurs faits réels, ce roman conte une catastrophe aérienne due à des turbulences d’une violence extrême, et qui aura des répercussions sur des tractations économiques avec la Chine.

Voyages (1998) : Crichton assume ses penchants “New Age” et raconte dans cet essai sa quête du monde de l’au-delà et ses expériences paranormales.

Prisonniers du temps (2001/2002) : Trois jeunes historiens se plongent dans la théorie des quanta. A l’aide de cette technologie, ils vont voyager dans le temps. Ils se transportent dans la Dordogne médiévale et y trouvent tout autre chose que ce qu’ils y attendaient. Nous verrons cette année le film de Richard Donner qui en est tiré. Espérons qu’il sera à la hauteur du roman, à la fois baroque, brillant et extrêmement documenté (pour un résumé plus détaillé, voir la fiche sur la version online d’Ansible).

La Proie (2002 : La bioéthique est au coeur du débat public. S’emparant du thème des nanomachines et du génie génétique, Crichton prouve encore une fois qu’il est en phase avec son temps, mais aussi qu’il est un excellent conteur d’histoires.

Twister (1996) : Eh oui, Crichton a co-écrit avec son épouse le scénario du décoiffant blockbuster de Jan de Bont.

L’Homme terminal (1974) : Un homme sur le cerveau duquel on a fait des expériences tente d’aller plus loin en ingérant différentes drogues.

Looker (1981) : Ce film montre comment une clinique de chirurgie esthétique tente de remplacer des mannequins par des images numériques. Inédit en France.

Urgences (1994) : cette série très connue en est à sa dixième saison. elle montre, avec pas mal de réalisme, le quotidien du service des urgences d’un hôpital de Chicago.

Runaway (1984) : (avec Tom Selleck) Dans un futur relativement proche, toutes les tâches domestiques sont accomplies par les robots. Lorsque certains d'entre eux tombent en panne, une section spéciale de la police est chargée de les neutraliser...

Mondwest (1973) : Un robot qui a les traits de Yul Brynner mène la révolte des machines dans un futur à la Meilleur des Mondes.
J'EN AI REVE, BUSH L'A FAIT “Il est temps pour l’Amérique de franchir de nouveaux pas. Aujourd’hui, j’annonce un nouveau plan pour explorer l’espace et développer une présence humaine à travers notre système solaire”.

Ainsi parle Georges W. Bush, Bush junior, ce mercredi 14 janvier 2004, devant les responsables de la NASA. Leur nouvelle mission : “construire de nouveaux vaisseaux pour conduire l’homme dans l’Univers, pour poser un nouveau pied sur la Lune et pour préparer de nouveaux voyages vers des mondes lointains.” Ainsi donc, Junior décide, à l’aube des prochaines présidentielles, de lancer son pays dans un projet qui n’a rien de nouveau : combien de scientifiques, d’écrivains, ont caressé ce rêve fou de vivre sur la Lune, sur Mars, sur d’autres planètes ?... Ayant découvert la science-fiction vers 15 ans, avec Chroniques Martiennes (il y a pire pour commencer), j’ai depuis souvent souhaité y être, marcher sur Mars, vivre sur Mars, voyager dans l’espace, traverser des trous noirs, rencontrer d’autres espèces... Lecteurs de SF, vous vous reconnaissez dans ce tableau.

Ainsi un homme me prend par la main et me dit : “Regarde, c’est possible, peut-être vivras-tu assez longtemps pour voir cela, pour voir ton rêve d’adolescente se réaliser. Peut-être même pourras-tu toi-même partir ?” Malheureusement, je me réveille. Les délires adolescents laissent peu à peu la place à un tableau plus sombre... C’est tout de même Junior qui en parle... Subitement, j’ai l’impression que tout cela ressemblera plus à Total Recall qu’à Chroniques Martiennes... Tant pis... Dans ma prochaine vie, peut-être...


(basé sur un extrait d’article de Libération du 15 janvier 2004)
Marie.

Matrix Reloaded

C'est vrai, c'est vrai... je vous l'accorde : à moi aussi le second volet de la saga Matrix m'a laissé un soupçon d'amertume, pas vraiment à la façon d'une bonne bière bien fraîche mais plutôt comme lorsque vous rendez une copie que vous pensez parfaite et que vous n'obtenez pas la note escomptée. Différents échos (notamment ceux parus dans l'Enslip1) me font dire que je suis loin d'être le seul. Alors ? Que s'est-il passé ? Séquence explications...
Tout d'abord, et je pense qu'il s'agit de la principale raison de la désillusion de la plupart des détracteurs du film, c'est que nous attendions tous le retour de la claque que nous avions pris avec le premier... Et ce retour n'est pas tout à fait venu. Reloaded n'est ni plus ni moins que du "Matrix" en plus... en plus long, en plus nombreux, en plus rapide, en plus mystique, en plus tout ce que vous voulez (et vous pouvez accoler ces adjectifs à tous les éléments du film : combats, effets spéciaux, personnages....) mais surtout en plus compliqué... Et c'est là que le bât blesse, il faut bien reconnaître que l'histoire n'est pas d'un abord facile et qui plus est, les explications sont éparpillées sur différents supports : Animatrix, Enter the Matrix, les comics pour ne citer que les plus connus. Alors, sommes-nous sacrifiés sur l'autel de la société de consommation ou s'agit-il du "prix" à payer pour profiter d'un univers riche et étendu ? Je voudrais juste mentionner au passage que les quatre court-métrages clefs de la série des Animatrix sont accessibles en libre téléchargement ainsi que de nombreuses planches des différents comics publiés. (
Site officiel)
Ce qui m'amène au second reproche que je ferais à Reloaded, c'est qu'il nécessite une sacrée culture geek2 (entre autres). La majorité des mécanismes de l'histoire reposent sur des concepts informatiques relativement poussés. Le premier volet était bien plus accessible pour le "grand public" dans le sens où n'importe quel fan de SF pouvait retrouver rapidement ses repères et le discours était beaucoup plus clair, style "Vous êtes une pile". Les propos de Reloaded sont beaucoup plus abscons et réclament plusieurs visionnages pour véritablement saisir les tenants et les aboutissants de la trame scénaristique. Pour les plus passionnés, la recherche d'informations par tous les médias possibles et notamment sur le Web s'avèrent un complément indispensable pour combler les principaux manques du film. Le tout forme un ensemble d'une cohérence inébranlable, orchestré de mains de maîtres par le duo des frères Wachowski. Maintenant, peut-on vraiment reprocher à un film de répondre à toutes les attentes de son cœur de cible ?

Je ne vais pas me lancer ici dans des théories plus ou moins fumeuses de ce que je pense avoir compris de Reloaded. Je ne saurais trop vous conseiller (même pour les plus déçus) d'attendre et surtout d'aller voir la suite qui promet à mon avis de belles surprises. Pour les plus impatients, avides de tout comprendre, un petit tour sur ce site devrait éclairer pas mal de lanternes. Pour finir, je vous livre une liste sous la forme d'un "J'aime - J'aime pas" de ce qui ma plu et déplu dans le film :
L'ambiance érotico-tribale de Sion : pas terrible !
Morpheus harangueur des foules : pas véritablement crédible....
L'opération à code/cœur ouvert : hum.... Je te sauve (1er), tu me sauves (2ème) et quoi... ils se sauvent (3ème).... ? mouais....... bon...
Le trailer final : un peu trop de l'esbrouffe !
L'arrivée à Sion : prenant et surprenant...
Les exo-squelettes : des combats à la "Ripley" dans Révolutions ( ?)
Les back-doors : excellent, vraiment excellent !
Le maître des clés : mais oui !!!
Le Mérovingien campé par Lambert Wilson : Génialissisme !
La scène du gâteau : jouissif ! (si j'ose dire)
La crise de jalousie de Trinity : ça c'est mon côté fleur bleue.
Le hack de Trinity à la console : les connaisseurs ont tous apprécié. (pour preuve) L'architecte et son blabla : oui et oui mais cela passe beaucoup trop vite. Sur ce, n'oubliez pas que même quand vous pensez que vous êtes réveillés, tout ceci n'est peut-être encore qu'un rêve..........
Wali
Illustration réalisée par Fred Grivaud.

1 : Il ne faut pas m'en vouloir, c'est juste parce que j'ai l'habitude de lire Ansible en slip sur les toilettes.
2 : "Les geeks sont des êtres humains fous d'informatique, qui ne vivent que pour l'informatique et qui conçoivent des applications informatiques. Les geeks forment une communauté qui vit à travers Internet." - Définition de Copinedegeek.com

NB : Si vous souhaitez en savoir ENCORE plus, rendez-vous à cette adresse.


LES ADAPTATIONS DE COMICS ET BD AU CINEMA

Voici donc quelques-uns de ces fameux projets. Je dis bien quelques, car j'ai dénombré bien plus d'une centaine de projets de ce type, incluant également des adaptations au petit écran ou en film animés. J'en ai donc fait une petite sélection, qui ne se veut absolument pas exhaustive, et les infos que j'ai pu glaner datent de ce mois de décembre. Bien, à tout seigneur, tout honneur, je commencerai donc par les films déjà en cours de tournage ou en phase de pré-production active. DareDevil, (Marvel) sera le premier à déferler sur nos écrans (sortie prévue le 19 mars 2003). Je ne sais trop quoi en penser, car bien qu'adorant le personnage de papier, les premiers extraits montrant Ben Affleck (Matt Murdock / Daredevil) en cuir rouge façon SM virevoltant dans des scènes à effets spéciaux tout droit sortis de Matrix, m'ont un peu refroidis… Question casting, outre le bellâtre déjà mentionné, nous auront droit à Colin Farrell (Bullseye, ennemi juré de DD - vu dans Minority Report et prochainement dans The Phone Booth), Michael Clarke Duncan (le Caïd, maître incontesté de la pègre new-yorkaise, révélé par La Ligne verte), Jennifer Garner (Elektra Natchios, tueuse à gage et girlfriend de DD) et Jon Favreau (Foggy Nelson, avocat et associé de Matt Murdock).
Le film est réalisé par Mark Steven Johnson, réalisateur peu expérimenté, ce qui ne fait qu'accentuer mon inquiétude au sujet du résultat final…


X-Men 2, suite du film à succès de l'été 2000, est cette fois-ci basé sur l'histoire Dieu crée, l'Homme détruit (Claremont / Anderson) comic paru dans les années 80, mettant en scène des mutants luttant non seulement contre leurs semblables maléfiques, mais aussi contre le racisme anti-mutants se développant autour d'eux. Toujours aux commandes, le réalisateur Bryan Singer aura fort à faire avec pas moins de 25 personnages principaux, centrés toutefois autour de Wolverine en particulier. Hugh Jackman reprend le rôle qui l'a révélé au grand public, et il faut bien admettre qu'il est bel et bien l'incarnation parfaite du mutant griffu !
Si le Crapaud et Dents-de-Sabre ne sont plus dans le film, quelques nouveaux personnages apparaîtront : Lady Deathstrike incarnée par Kelly Hu, NightCrawler (Diablo en VF) en la personne d' Alan Cummings et Stryker (Brian Cox) pour les plus importants. On devrait également apercevoir Colossus, Pyro, le Fauve… mais pas de Sentinelles, les robots-chasseurs de mutants comme il avait été annoncé en premier lieu.

Le film a un budget d'environ 130M$, et les effets spéciaux auront la part belle… il paraîtrait même qu'une scène devrait se passer dans la fameuse "Danger Room" du comic… wait and see ! Sortie prévue en France : 30 avril 2003.


C'est en juillet 2003, que devrait débarquer dans nos salles le géant de Jade (à ne pas confondre avec son cousin planteur de légumes), j'ai nommé : HULK ! Le film met en scène Eric Bana en tant que Bruce Banner (alter-ego humain de Hulk). L'acteur australien s'était au préalable fait remarquer dans un film assez controversé (et que j'ai trouvé très mauvais) sur l'histoire vraie d'un tueur en série (Chopper). À ses côtés apparaîtront Nick Nolte dans le rôle de David Banner le père de Bruce, Sam Elliott alias le Général "Thunderbolt" Ross, Jennifer Connelly (miam !, ndlr) interprètera Betty Ross et enfin John Lucas en tant que Major Talbot (les connaisseurs apprécieront, ndlr)..

Si l'on peut craindre pour la fidélité au comic d'origine, la personnalité du réalisateur (Ang "Tigre & Dragon Lee) rassure quant à l'approche des partis pris artistiques. Du haut de son budget de 150M$, le film nous offrira un Hulk tout en images de synthèse gardé jusqu'à présent au secret le plus total. Les rumeurs parlent d'une créature d'un réalisme époustouflant malgré ses 5 mètres de haut ! Pour la petite histoire, on pourra apercevoir le Hulk de la série TV, Lou Ferrigno dans un caméo (un petit rôle de gardien de sécurité)…

Hulk s'annonce d'ores et déjà comme l'un des films les plus attendus de l'été 2003 !!

Autre film annoncé pour la fin de l'été 2003, l'adaptation de la Ligue des Gentlemen Extraordinaires, tirée du comic d'Alan Moore du même nom est en cours de tournage sous la houlette du réalisateur Stephen Norrington. Le casting propose dans les rôles principaux : Sean Connery (Allan Quatermain), Peta Wilson (Mina Harker), Shane West (Tom Sawyer - personnage absent du comic mais rajouté à l'attention du public américain !!), Jason Flemyng (Dr Jekyll) et Stuart Townsend (Dorian Gray)…



Les premiers tours de manivelle seront donnés dès le mois de février 2003 à Prague pour le nouveau film de Guillermo Del Toro : Hellboy, d'après le comic de Mike Mignola.

Le réalisateur de Blade 2 et de l'Échine du Diable a réussi à imposer son acteur dans le rôle titre : Ron Perlman sera Hellboy ! Longtemps en balance avec Vin Diesel, le réalisateur a (pour une fois) eu le dernier mot face aux producteurs qui voyaient le potentiel marchand de Diesel comme un atout pour le film… Perlman, habitué des rôles à lourds maquillages (la Guerre du Feu, la série tv La Belle et la Bête) s'est dit très satisfait et impressionné des essais de maquillages réalisés en novembre dans le cadre de la pré-production. Le film est attendu en 2004.

Blade 3, le dernier de la série de films prévus, est en chantier. Wesley Snipes dans le rôle-titre et David Goyer au scénario reprennent leurs fonctions pour une histoire dans laquelle la situation sera inversée par rapport aux 2 films précédents : Blade le chasseur de vampires sera cette fois lui-même la proie des vampires alliés aux humains…
À la réalisation pas encore de nom arrêté définitivement, même si une rumeur annonce un jeune metteur en scène allemand quasi-inconnu, Oliver Hirschbiegel comme concurrent potentiel. À suivre…

En projet imminent également, après la véritable déferlante mondiale du premier opus, Spider-Man 2 : The Amazing Spider-Man réunit à nouveau Tobey Maguire et Kirsten Dunst dans les rôles principaux. Sam Raimi remet le couvert à la réalisation, mais il prévient dès maintenant qu'il ne désire pas s'occuper du troisième chapitre déjà annoncé.
Le Bouffon Vert cède sa place de méchant vedette au Docteur Octopus, on chuchote même que Robert De Niro, voir Billy Bob Thornton, pourrait incarner le scientifique fou… Quant au troisième épisode, il est question d'y introduire un autre super-vilain phare du comic : Vénom… effets spéciaux à gogo en perspective…

La firme DC, concurrente directe de Marvel et filiale de Warner ne compte pas laisser la maison des idées seules sur le marché des adaptations de comics, suite aux succès consécutifs de X-Men et Spider-Man, ainsi que les attentes fièvreuses que suscitent les projets Daredevil et Hulk. Ses 2 héros fer-de-lance sont à nouveau sous les feux des projecteurs.
Parlons de Superman d'abord. Longtemps associés au projet, Nicolas Cage et Tim Burton ne participeront pas à l'aventure. On a d'abord annoncé McG (Charlie's Angels) derrière la caméra, mais il semblerait qu'il ait été écarté au profit de Brett Ratner (Rush Hour, Dragon rouge, argl...) qui s'occuperait également du script…
Quant au rôle titre, si le nom de Jim Caviezel a été cité, les responsables de la Warner se disaient prêt à confier le rôle à un inconnu, comme Christopher Reeves l'était à l'époque du film de Richard Donner…

Batman lui aussi a déjà un lourd passé cinématographique… je dis lourd parce que les deux derniers films en date ont plus concouru à décrédibiliser les adaptations de comics que l'inverse… Qu'à cela ne tienne, plusieurs projets sont rattachés au Dark Knight en ce moment.
Tout d'abord une adaptation basée sur le one-shot Batman : Year One, relatant les origines du héros, et sur laquelle planche en ce moment Darren Aronofsky (Requiem for a Dream).
Il avait été question aussi d'un projet d'adaptation du dessin animé Batman : la Relève, mettant en scène un Batman du futur. Finalement cela a été abandonné, mais un autre projet présentant un Bruce Wayne âgé a été évoqué (basé sur le Dark Knight de Frank Miller ?).
Enfin, et non des moindres, le fameux Batman Vs Superman : World's Finest est toujours d'actualité ! C'est le vétéran Wolfgang Petersen (Das Boot, Dans la ligne de Mire, Alerte...) qui s'y colle aux dernières nouvelles. Le film est annoncé pour l'été 2004, écrit par Andrew Kevin Walker (Seven, Sleepy Hollow).
Des noms assez fantaisistes ont été annoncés pour incarner le duo de super-héros, dont Brad Pitt et Matt Damon, mais c'est la rumeur du tandem Jude Law (Superman) / Colin Farrell (Batman) qui est la plus persistante… Quoi qu'il en soit, si le projet se confirme, il sera à cette époque confronté directement à un concurrent de taille : Spider-Man 2 !!

Pour en finir avec l'univers de Gotham City, un film consacré à l'héroïne trouble Cat-Woman a été confié aux mains du réalisateur français Pitof (Vidocq). Malheureusement, ce ne sera plus l'envoûtante Michelle Pfeiffer qui reprendrait le rôle qu'elle a tenu dans Batman 2 : le Défi, mais Ashley Judd (Heat, Double Jeopardy, Le Collectionneur).


Nicolas Cage, grand fan de comics (son pseudo "Cage" est emprunté à un héros des années 70) ne se décourage pas de participer à un film basé sur l'un d'entre eux. Débarqué du projet Superman, il s'est intéressé à Constantine, adapté du comic Hellblazer (paru chez Vertigo, ligne "adulte" du géant DC comics), pour finalement concentrer ses efforts sur le Ghost Rider que devrait mettre en scène Stephen Norrington (Blade).
Le neveu de Francis Ford Coppola se dit très confiant au vu du script et très excité d'incarner le personnage démoniaque…

Quant aux projets plus lointains (et donc plus incertains), citons les accords signés avec la firme Artisan pour Iron Fist (avec Ray Park) mais surtout pour une nouvelle adaptation du Punisher par Jonathan Hensleigh au scénario et à la réalisation (il a travaillé à divers postes sur Jumanji, Die Hard 3, Armageddon, …).
New Line s'est engagé sur un futur Iron Man, Miramax sur un Docteur Strange et Universal sur Namor : the Submariner.

Christina Ricci (Sleepy Hollow) est toujours désireuse d'incarner l'androïde Adrenalynn dans une adaptation du comic éponyme de Tony Daniel, mais rien de neuf ne se profile à l'horizon…

Marvel et la Fox essaient de convaincre un George Clooney échaudé par son passage dans le costume de Batman, d'interpréter Red Richards alias Mister Fantastic afin de monter une adaptation des Fantastic Four digne de ce nom. Pierce Brosnan avait déjà été pressenti pour ce rôle, sans qu'il donne suite aux rumeurs…

2 curiosités à signaler également : un projet énorme autour du Surfeur d'Argent a été repoussé aux calendes grecques, et un jeune auteur, David Hayter (réalisateur et scénariste) est en attente du feu vert de Universal pour mettre en chantier son adaptation du mythique Watchmen d'Alan Moore qui se dit d'accord mais qui est persuadé que le transfert au médium cinéma est un suicide (Moore toujours très optimiste !!! et modeste avec ça…).

Plus anecdotiques, car en phase d'étude seulement, mais non moins excitants, citons quelques projets plus discrets : Kabuki (de David Mack), Rising Star (de Joe Straczynski), The Magdalena (de Joe Benitez), …


Enfin et pour finir, parlons des projets portants sur 4 BDs francophones en cours…

D'abord Blueberry d'après la série best seller de Jean "Moebius" Giraud, avec Jan Kounen à la réalisation, Vincent Cassel, Juliette Lewis, Tchéky Karyo et Michael Madsen dans les rôles principaux…

La Marque Jaune (Blake et Mortimer) mis en scène de James Huth (Serial Lover) avec Rufus Sewell (Dark City) en Blake et Hugh Bonneville (Nothing Hill) en Mortimer. Début du tournage en février 2003, sortie prévue en octobre 2004. Budget annoncé : 35 M€.

Iznogoud !! Patrick Braoudé et José Garcia sont associés à ce drôle de projet dont on ne sait pas encore grand chose…

Et last but not least, les droits cinématographiques de Tintin ont été rachetés par Steven Spielberg lui même, qui se dit amoureux fou du jeune reporter, bien que ce dernier soit un parfait inconnu dans les contrées de l'oncle Sam…
Le projet d'adaptation en grandes pompes de la BD d'Hergé tient réellement à cœur à Spielberg, et ce depuis déjà bien longtemps. En effet, il avoue s'en être déjà inspiré à l'époque de la création d'Indiana Jones.
Par contre il annonce d'ores et déjà qu'il ne sera "que" producteur, et qu'il laissera la place de réalisateur à quelqu'un d'autre… En tout cas il assure que le film sortira bientôt du studio DreamWorks / Amblin…
Ses négociations lors du rachat des droits précisent que le " mixage " d'éléments de plusieurs tomes différents n'est pas exclu afin d'obtenir un long métrage… difficile de dire si c'est bon signe ou non…
Quoi qu'il en soit, et pour rigoler un peu, voici les noms " américanisés " des compères de Tintin : Snowy (Milou), Captain Haddock, Professor Cuthbert Calculus (Tryphon Tournesol), Thomson & Thompson (les Dupondt).




STEVEN SPIELBERG







Profitons de la sortie (et du succès -mérité- malgré son aspect blockbuster) de Minority Report pour porter un coup de projecteur sur la carrière de son réalisateur, Steven Spielberg.
Passons d’abord en revue son impressionnante filmographie. Né en 1946 à Cincinatti, il est très tôt porté vers le 7ème art, puisqu’il réalise à 12 ans un western de 4 minutes, The Last Gun. En 1963, Firelight est sa première oeuvre de science-fiction, son domaine de prédilection. Puis vient en 1968 Amblin, le court-métrage qui le fera connaître du petit monde du cinéma. Les studios Universal lui confient alors la réalisation de séries télé, dont un épisode de Columbo... En 1970 il réalise Duel, un téléfilm tétanisant contant une course-poursuite entre une automobile et un camion, dont on ne voit jamais le chauffeur. Ce film est toujours considéré comme une référence, 32 ans après. Le film sera distribué en salles à l’étranger. En 1975 sort son premier long-métrage de cinéma, Les dents de la Mer (Jaws) ; mise en scène magistrale, musique lancinante, suspense orgasmique, le film est un énorme succès.


Ensuite vient le film-référence sur le thème des OVNIs, Rencontre du troisième Type, avec une performance incroyable du réalisateur français François Truffaut dans l'un des rôles principaux. En 1979, Spielberg surprend son public en livrant 1941, qui raconte de manière loufoque la tentative d’invasion de la Californie par les Japonais. A mourir de rire, mais le film est un échec commercial. Spielberg se tourne alors vers un autre type de héros, un archéologue un peu aventurier qui se sort des situations les plus tordues avec un cynisme désarmant ; il s’agit bien d’Indiana Jones, campé par un Harrison Ford au sommet de sa forme dans Les Aventuriers de l’Arche Perdue, qui sort en 1981. Une réussite incontestable, qui sera suivie de deux (bientôt trois) suites, toutes réalisées par Spielberg, couronnées de succès.


En 1985, il surprend le monde du cinéma avec La Couleur Pourpre, une oeuvre dense et émouvante sur la tolérance et le respect. Succès critique et public en poche, il enchaîne deux ans plus tard avec L’Empire du Soleil, qui propose une vision enfantine du second conflit mondial. Après le troisième volet des aventures d’Indy, il s’attelle à Always, histoire de fantômes, de rédemption et d’amour, qui essuiera un cuisant échec public. En 1991 sortira ce qui sera probablement son plus mauvais film, Hook. Truffé de clichés, lent et tape-à-l’oeil, il s’agit d’un invraisemblable raté artistique.

Il revient alors vers la SF et adapte à l’écran le très bon roman de Michael Crichton, Jurassic Park, métrage qui bénéficie des dernières techniques d’effets spéciaux. En son temps, le film à dinos battra tous les records et deviendra le plus grand succès de tous les temps. Laissant son équipe boucler le montage final, il s’envole pour Cracovie et un autre choc cinématographique : La Liste de Schindler. Sept oscars plus tard, il réalise en 1997 coup sur coup Le Monde perdu (suite de Jurassic Park) et Amistad. Malgré le semi-échec de ce dernier, Spielberg revient à la Seconde guerre mondiale avec le blockbuster Il faut sauver le soldat Ryan. Oeuvre magistrale, qui pose la question du prix d’une vie humaine, et permet à son réalisateur de rentrer définitivement au panthéon d’Hollywood.
Lorsque Kubrick décède, en 1999, il reprend le projet sur lequel travaillait son ami et mentor, ce qui donnera AI, film brillant sur le plan technique, mais souffrant d’une fin proprement gerbante. Minority Report (cf le n° précédent d’Ansible, en archives) est son 20ème long métrage ; on dit que c’est le meilleur. Faites votre choix.


A côté de sa vie de réalisateur, Spielberg a aussi vécu celle d’incubateur et de découvreur de talents.
On le retrouve en producteur sur des épisodes de la 4ème Dimension, Poltergeist (qu’il a également écrit), Gremlins 1 et 2, Retour vers le Futur 1, 2 et 3, l’Aventure intérieure, Miracle sur la 8ème rue, Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, la série télé Tiny toons, Arachnophobie, Jurassic Park III...
En 1995, il s’unit à David Geffen et Jeffrey Katzenberg pour créer le studio DreamWorks SKG (“le rêve fonctionne”). Les premières créations télévisuelle, Urgences (écrit par Crichton) et Spin City, sont des succès. Suivront Band of Brothers (produit par Tom Hanks) et High Incident. Forts de ce parcours, les golden boys accumulent les projets cinématographiques : Le Pacificateur de Mimi Leder, Amistad et Soldat Ryan, Small Soldiers, FourmiZ, Le Prince d’Egypte, La Route d’Eldorado, Gladiator, Men in Black 1 et 2, American Beauty, Apparences, Deep Impact... parallèlement, les autres départements se développent ; côté musique, George Michael, EELS ont signé des contrats. Un département “interactive” a même vu le jour. Mais c’est bien le département cinéma qui booste la firme ; films de genre, science-fiction, animation, aventures, peplum... DreamWorks essaie de balayer large. Entre concurrence directe (on se souvient des duels Deep Impact/Armageddon et FourmiZ/1001 Pattes) et alliances avec les autres majors, contraintes du marché obligent, DreamWorks contribue à forger la légende de Steven Spielberg, l’enfant de Cincinnati.


Les nourritures imaginaires


"Lièvre du désert rôti en sauce cepeda, aplomage de sirius, chukka, café avec mélange et véritable oie-en-pôt servi avec vin pétillant de Caladan." Ne cherchez pas à déguster ces plats dans un restaurant, même tendance, ils n'existent pas. Il s'agit en fait du menu de la réception organisée par le Duc Leto Atréide dans le Dune de Frank Herbert.
Les auteurs de science-fiction ont régulièrement utilisé la nourriture pour donner de la texture aux univers qu'ils dépeignent. Dona et René Sussan ont même recensé les recettes les plus extravagantes inventées par plus d'une centaine d'auteurs de science-fiction dans Les Nourritures extraterrestres. Adaptées aux ingrédients terrestres, les recettes requièrent surtout des produits de la mer, des mets asiatiques, indiens ou arabes. Il faut dire qu'à l'époque de l'écriture de ces romans, autour des années 70, les voyages ne s'étaient pas démocratisés comme aujourd'hui. Corollaire : la world food n'avait pas encore fait son apparition. D'où le recours des auteurs à ces mets exotiques pour renforcer la peinture d'univers plus ou moins, voire énormément, éloignés de la civilisation occidentale.
Si certains ont ainsi anticipé le phénomène de world food, d'autres, en revanche, ont dépeint un futur alimentaire beaucoup moins goûteux. Dans L'Enfant de la fortune Norman Spinrad anticipe sur la malbouffe en nourrissant ses personnages d'une nourriture biologiquement suffisante mais gustativement insipide. D'une manière générale, la fonction du repas dans la littérature de science-fiction a tendance à se réduire à l'apport des molécules indispensables à la survie.

Mais c'est très certainement dans Make Room! Make Room! de Harry Harrison, adapté au cinéma sous le titre Soleil vert, que l'on trouve la vision la plus pessimiste de l'alimentation du futur. Dans le New York des années 2022, les habitants aisés ne se nourrissent plus que de tablettes baptisées soleil vert, soleil rouge ou soleil jaune et réalisées à partir de plancton. Ça, c'est pour la version officielle. Car la réalité est encore plus sordide. Pollution aidant, le plancton a disparu et les plaquettes nutritives sont en fait fabriquées à partir de... cadavres humains.


Utopies : l'avenir en noir

De nombreux écrivains ont rêvé d'un monde parfait mais le désenchantement a finalement gagné. Au XXe siècle, Huxley et Zamiatine ont décrit des sociétés manipulées et contrôlées. Ils inventent alors la contre-utopie. Depuis, d'autres auteurs ont suivi la trace de ces "visionnaires".
"Chaque génération aura sa nouvelle version de l'utopie, un peu plus certaine, plus complète et plus réelle, dont les problèmes cerneront de plus en plus près les problèmes des choses qui sont." Herbert George Wells, l'auteur mythique de L'Homme invisible, de La Guerre des mondes et des Premiers Hommes dans la Lune, ne savait pas à quel point la confirmation de la prophétie d'À la recherche d'une utopie moderne (1905) serait cruelle pour ses théories.
Au XXe siècle, ses trois plus célèbres lecteurs, le Russe Eugène Zamiatine, les Anglais Aldous Huxley et George Orwell, retournèrent les principes de l'utopie pour opposer au tableau d'une société exemplaire la peinture d'un monde où la perfection avait conduit au cauchemar. Surveillance électronique, police de la pensée, interdiction des rêves, abolition de l'amour, destruction des mauvais livres, épuration des traîtres : funeste terme des promesses de bonheur mathématique et d'humanité nouvelle. Les cendres de Thomas More, de Tommaso Campanella et de Charles Fourier pouvaient frémir. Avec Nous autres (1924), Le Meilleur des mondes (1932) et 1984 (1949), la contre-utopie était née. Aux promesses de lendemains qui chantent, éclairés par le soleil de la raison et de la technique, avaient succédé les terrifiantes visions d'un horizon bouché par le cadavre des utopies de l'avant-veille.
La force de ces visions est d'être portée par un sens vibrant de la mise en scène. Quoi qu'en pense Kundera, dont Les Testaments trahis s'acharnent à renvoyer 1984 dans les marais du pamphlet, Zamiatine, Huxley et Orwell, héritiers d'une écriture politique dont Swift est le grand ancêtre, surent rendre sensible l'imminence de la catastrophe. Aux romans utopiques de H.G. Wells et de William Morris, qui n'introduisaient des mécontents dans leurs mondes que pour insuffler à leurs histoires de la tension dramatique, succédèrent des livres racontant l'insurrection désespérée d'hommes seuls contre une gigantesque machine de contrôle social.
C'est D 503, individu numéroté de l'État unique de Nous autres, qui se laisse entraîner par la belle 1 330 dans la dissidence, osant avoir des relations amoureuses en dehors de la Table des Heures, perdant la foi en la bonté du Bienfaiteur et votant "non" le jour de l'Unanimité ; Bernard Marx, citoyen de classe Alpha dans l'État mondial du Meilleur des Mondes, refusant de prendre le soma qui permet aux individus d'aimer "la destination sociale à laquelle ils ne peuvent échapper", tombant amoureux de Lenina et rêvant d'un enfant conçu hors des mécanismes de sélection génétique; Winston Smith, fonctionnaire au Commissariat des archives de 1984, se laissant séduire par les mots d'ordre d'Emmanuel Goldstein, multipliant les crimespensées contre Big Brother et dissimulant les secrets de son cœur au Parti.
Trois factieux confrontés à l'utopie réalisée. Trois révoltés que Zamiatine, Huxley et Orwell jettent dans un effrayant face à face avec les artisans volontaristes d'un monde parfait.
Alors que les naïfs continuent à répéter que les utopies, ces vieilles choses de la Renaissance et des Lumières, furent la grande affaire du XXe siècle, il est plaisant de s'arrêter sur les écrivains qui, voulant peindre l'au-delà des mondes parfaits promis par la modernité, devinèrent le mieux l'avenir. Transparence parfaite, manipulations biologiques, construction méthodique d'une nouvelle manière de parler, règne de la suggestion, émergence d'un État mondial rationnel : traités de pessimistes, de réactionnaires ou de fous par ceux qu'effrayait la netteté de leurs visions, les romanciers contre-utopistes virent seuls les lendemains de plomb que préparaient les rêves d'enchantement géométrique. Devançant l'effondrement des illusions progressistes et la critique postmoderne de la modernité, ils furent plus que tout sensibles au sort réservé à la littérature au siècle du progrès continu. Dans Nous autres, le seul livre qui ait survécu, tenu pour "le plus grand de tous les monuments littéraires anciens", est l'Indicateur des chemins de fer; dans Le Meilleur des mondes, la lecture de Shakespeare est interdite : "Il est vieux, voilà la raison principale. Ici, nous n'avons pas l'emploi des vieilles choses. (...) Surtout si elles sont belles. La beauté attire, et nous ne voulons pas qu'on soit attiré par les vieilles choses. Nous voulons qu'on aime les neuves." Dans 1984, la novlangue rend impossible toute pensée indépendante de la vérité officielle. Dans cette langue de bois à la grammaire simplifiée, de nombreux mots signifient d'ailleurs le contraire de ce qu'ils paraissent vouloir dire.
Tout rapprochement avec un langage existant ou ayant existé serait évidemment le fait d'esprits malades ou paranoïaques. Comme il serait exagéré de croire que la post-humanité annoncée par les apôtres contemporains des biotechnologies ait un quelconque rapport avec celle que décrit Aldous Huxley dans Le Meilleur des mondes, et, avant lui, Mary Shelley dans Frankenstein (1831), Oskar Panizza dans La Manufacture d'hommes (1890), Karel Capek dans R.U.R (1921). On aurait également tort de se figurer que l'état des systèmes d'espionnage électronique dressé par Duncan Campbell pour le Parlement européen (Surveillance électronique planétaire, éditions Allia) offre à la prophétie d'Orwell une sinistre confirmation.
Ainsi les petits maîtres de la pensée contemporaine, accrochés aux illusions du progrès jusque dans leur chute, continuent-ils de renvoyer les écrivains contre-utopistes aux banlieues de la littérature, quelque part entre anticipation, fantastique et science-fiction. Ne pouvant s'en débarrasser, ils les salissent, faisant d'Huxley un illuminé et d'Orwell un mouchard anticommuniste. Avec Kafka et Bradbury, autres témoins extra-lucides d'un siècle de massacres industrialisés et de perte du sens de la liberté, Zamiatine, Huxley et Orwell forment pourtant une des plus intéressantes familles littéraires du XXe siècle, famille sans drapeau ni parti, qui n'a pas droit à une ligne dans les manuels.

Il faudra pourtant accepter un jour de reconnaître la fécondité des contre-utopies, ce genre typiquement britannique auquel Zamiatine lui-même prit goût lors d'un séjour en Angleterre. Dire ce que leur doivent des cinéastes comme Orson Welles (Le Procès), François Truffaut (Fahrenheit 451), Terry Gillian (Brazil) et Patrick Mac Gohan, le génial créateur de la série Le Prisonnier. Souligner leur influence sur la littérature française. Parmi les livres parus ces dernières années, on songe à La Cité Potemkine et à L'Origine du Monde de Serge Rezvani (Actes Sud), aux Particules élémentaires de Michel Houellebecq (Flammarion), aux Ombres d'Hannah d'Alain Monnier (Climats), à La Vie sur terre de Baudoin de Bodinat (Encyclopédie des nuisances), à La Commune des minots de Cédric Fabre (Série noire), à Big Sister de Jérôme Leroy (Librio), à Requiem pour un ange tombé du nid de Jean-Claude Bologne (Fayard).
La postérité des contre-utopies, aussi bien en littérature qu'au cinéma, dans les arts plastiques, la pop music et la bande dessinée, ne doit rien au hasard. Elle manifeste la ruine de l'eschatologie progressiste. L'homme de la modernité tardive a la sensation d'habiter un monde inutile et noir. Dans L'Effacement de l'avenir (Galilée), maître livre sur la confusion d'une humanité vouée à un futur sans promesses, Pierre-André Taguieff voit un signe des temps: "L'anti-utopie des bricoleurs d'anticipations répulsives (destruction nucléaire, dictature totalitaire, standardisation intégrale, eugénisme et biocratie, etc.) constitue l'une des expressions paralittéraire du désespoir contemporain, celui de la fin d'un siècle de massacres technicisés accomplis au nom d'idéaux de perfection, d'"idées généreuses", de programmes d'amélioration de l'humanité, de beaux et nobles sentiments." Désespoir contemporain que la pensée saisit et conceptualise aujourd'hui, mais que Zamiatine, Huxley et Orwell avaient flairé depuis longtemps. On a toujours raison d'être écrivain.

A lire :
Nous Autres d'Eugène Zamiatine, L'Imaginaire/Gallimard
Le Meilleur des mondes d'Aldous Huxley, Le Livre de Poche
1984 de George Orwell, Folio/Gallimard
L'Utopie, Anthologie présentée par Frédéric Rouvillois, GF
Orwell anarchiste tory de Jean-Claude Michéa, Climats, 80 F.
Aldous Huxley, le cours invisible d'une œuvre de François B. Todorovitch, Salvator, 149 F.
L'homme fabriqué, récits de la fabrication de l'homme par l'homme, édition de Jean-Paul Engélibert, Garnier, 195 F.


MANCHU par JEAN-CLAUDE VANTROYEN (SOURCE / Le Soir) <br> Des oiseaux mécaniques volant par-dessus un groupe d'enfants atterrés ; un gigantesque robot qui voudrait jouer avec un petit, comme un enfant avec une poupée ; des vaisseaux spatiaux écrasés sur une planète aride ; une étrange voiture à vapeur rouge modèle XIXe dont on devine la technologie avancée ; un astronaute vacillant dans l'air raréfié de Mars ; un lapin doté d'une crête jaune d'iguane galopant vers un complexe industriel fumant ; des villes du futur labyrinthiques sous un ciel plombé ; des satellites minables errant autour d'un aérolithe menaçant dans le noir de l'espace...

Toutes ces images qui s'impriment dans le souvenir d'un amateur de science-fiction ornent des couvertures de livres, invitent à la lecture et demeurent comme un symbole de l'oeuvre appréciée. Elles sont dues au talent de Manchu, c'est un pseudo évidemment, un des grands dessinateurs français de SF.

"Ici, les gens qui font de la BD sont connus,ceux qui font de l'illustration non" On oublie trop ces artistes. Ils sont pourtant le plus souvent à la base de l'acte d'achat d'un livre de SF. Manchu et ses collègues Philippe Caza, Jeam Tag, Philippe Jozelon, Mandy, Hubert de Lartigue, Alain Brion, Sandrine Gestin, Didier Graffet, Siudmak, Francesconi, etc., sont les artisans de la beauté d'un objet qui s'appelle livre. Comme les grands anciens Jean-Claude Forest, Brantonne ou Desimon le furent avant eux en illustrant les couvertures des Rayon fantastique, des Fleuve noir et des Galaxie-bis. Pour les amateurs, par exemple, la saga des hommes-dieux de Philip Jose Farmer est indissociable des superbes couvertures de Michel Desimon. Manchu (à l'école de dessin publicitaire, je faisais pas mal de dessins fantastiques, et on m'avait surnommé Fu Manchu, dont j'étais fan ) est un de ces enlumineurs de la SF. Il l'est depuis maintenant vingt ans. C'est l'illustrateur principal des Livres de poche SF depuis 1987-1988. Mais il réalise aussi les couvertures de la collection Autres mondes de Mango Jeunesse, certaines de l'Atalante et du dessin spatial pour la revue Ciel et Espace. Et, pourtant, Manchu reste relativement inconnu. Frustrant ? Un peu oui, répond-il. Je ne sais pas trop à quoi c'est dû. On serait dans un pays anglo-saxon, ce serait différent. Ici, les gens qui font de la BD sont connus, ceux qui font de l'illustration non. Dommage. D'autant que l'illustration, en SF et fantastique, est traditionnelle. Les "pulps" américains étaient déjà ornés de dessins parfois superbes parfois totalement ringards, les magazines SF d'aujourd'hui, comme Galaxies ou Bifrost en France, recourent évidemment à des dessinateurs. Normal, ajoute Manchu. Quand on met une petite photo trafiquée en couverture d'un livre de SF, je ne pense pas que ce soit très efficace. C'est l'illustration qui prime. Certains éditeurs ne se privent cependant pas de préférer des photos trafiquées. C'est souvent laid et ça ne dit rien du bouquin. Pourquoi? Le coût, sans doute. Et peut-être les maisons d'édition manquent-elles de direction artistique... Manchu s'occupe de six à huit Livres de poche SF chaque année. Je travaille avec Gérard Klein, le directeur de collection, et c'est une bonne chose. Comme il publie des rééditions de son autre collection Ailleurs et demain, je lis le roman et je me sers du texte, de certains passages. Alors, soit je fais une illustratrion ponctuelle qui sort d'un des épisodes du roman, soit j'essaie de faire une synthèse du bouquin. Manchu lit les livres qu'il illustre (Ah oui ! Je considère que, pour faire une couverture, il faut lire le livre ). Ce n'est pas la même démarche pour tout le monde. Siudmak, par exemple, est un peintre, pas un illustrateur. Il réalise des tableaux dont Pocket se sert pour illustrer sa collection SF. C'est beau, mais ça n'a rien à voir avec le livre. Je crois, sourit Manchu, que c'est ma solution qui est la bonne.

Manchu est un lecteur de SF depuis toujours, ou presque. Les pas d'Armstrong sur la Lune, le film 2001 - il avait alors 12-13 ans - l'ont profondément influencé. Aujourd'hui, il lit toujours de la SF. Les livres qu'il illustre évidemment. Mais ses préférences vont à Asimov, Clarke, Benford, Banks, Vinge, Brin, Brunner, Howard. Une grande part de "hard-science". Est-ce ce parcours qui l'a amené à dessiner le futur? Je ne me suis même pas posé la question. J'avais envie de faire du dessin de SF, c'est tout. Il a commencé par participer à Ulysse 31 et à Il était une fois l'espace, des dessins animés. Il a tenté de la BD. Mais c'est l'illustration qui le transporte. J'essaie de rendre réalistes les choses qui n'existent pas. Il y a pas mal de travail. Quand je dois représenter un sous-marin, il n'y a qu'un problème de documentation et d'imagination pour la mise en place, la composition. Mais, quand il s'agit de dessiner un vaisseau spatial, j'essaie de coller à la technologie du roman. C'est du boulot. Il y a quelque chose de paradoxal dans ce genre de démarche. L'artiste doit, en même temps, faire oeuvre d'imagination pure, puisqu'il travaille sur le futur, et être vraisemblable, puisque la SF, c'est, en résumé, la cohérence d'un monde qui n'existe pas. Un équilibre délicat. Je me sers de l'illustration scientifique que je réalise dans Ciel et Espace, où je dessine parfois des vaisseaux spatiaux. Je dois donc me tenir au courant de l'astronautique contemporaine, et de la technologie en général. Je ne suis pas un scientifique, mais j'aurais bien aimé, je me suis rattrapé avec le dessin. D'autre part, les auteurs ne se mouillent jamais trop dans des descriptions précises de leurs inventions technologiques, et ça laisse une grande place à mon imagination.

"Je travaille de façon traditionnelle,comme les gens du XIXe siècle"
L'homme qui illustre le futur utilise très peu les techniques futurologiques. Pas de dessin assisté par ordinateur ni d'images de synthèse. L'artiste est un artisan. Je travaille de façon traditionnelle, comme les gens du XIXe siècle. J'utilise un peu d'aérographe, pas énormément parce que ça a une tendance à m'énerver à l'emploi et puis aussi à amollir le dessin, la composition. Avec une brosse ou un pinceau, c'est plus nerveux. Sinon, c'est complètement traditionnel. Soit de l'huile, soit de l'acrylique, avec un pinceau après des recherches au crayon. Des techniques d'hier pour des illus de l'avenir, en quelque sorte. Je n'ai rien contre les nouvelles technologies, et peut-être les emploierai-je un jour. Mais j'ai l'impression qu'en les utilisant aujourd'hui je ne ferais que reproduire le même travail qu'avec un pinceau. Manchu est discret et réservé. Dans le petit milieu de la SF, il éclot cependant. Il a exposé dans toutes les manifestations de science-fiction en 2000 et en 2001 : Galaxiales à Nancy, Etonnants voyageurs à Saint-Malo, Utopia 2000 à Nantes, Maison d'ailleurs à Yverdon, Festival du livre de l'imaginaire à Bruxelles... Il a remporté le grand prix de l'imaginaire 2001 en France et le prix Bob Morane à Bruxelles. Une vedette? Je ne me considère pas comme une vedette. Au-dessus de moi, il y a des gens inaccessibles, comme Christopher Foss, dont je me suis inspiré et dont on voit encore des traces dans mon travail. Manchu se veut illustrateur plutôt que peintre : le peintre exprime ce qu'il a dans la tête. Moi, je suis chargé d'exprimer un livre en une seule image. Et s'il se libérait du carcan du livre pour laisser seule son imagination s'exprimer ? Je dessinerais des vaisseaux spatiaux et des robots qui sont capables de se mouvoir, avec des articulations munies de vérins, c'est rigolo. On peut voir des oeuvres de Manchu en particulier en couvertures des Livre de poche SF et des Mango Jeunesse Autres mondes. Deux bons sites en ligne : http://www.planete-art.com, où l'on peut admirer (et même acheter) du Manchu ; et http://starmars.multimania.com/manchu.html.


LA CHOSE QUI NE DOIT PAS ETRE

Amis de Lovecraft et de Metallica, bonjour.
Après une longue traque au milieu de nombreux périls, au risque de ma vie, j'ai réussi à prendre une photo de l'Immonde Chose Qui Ne Devrait Pas Etre. Afin de sauvegarder ce précieux document et avant que les monstres de l'indicible ne me réduisent à néant, je vous envoie ce document inestimable afin que le monde sache...
Vous comprendrez que face à un tel monstre, je me suis enfui sans demander mon reste. D'ailleurs une harpie m'a instantanément poursuivi (sa garde rapprochée, sans doute...) et je n'ai dû mon salut qu'à mon porte-bonheur personnel (celui que m'a vendu un vieillard à Innsmouth). Bien à vous, Illide, mort en sursis



LES MAITRES ITALIENS
La face noire d'Evangelisti

L'écrivain italien convoque un inquisiteur, Nostradamus et Reich sur des terres troublées
Valério Evangelisti est italien, parle un français châtié, est historien de formation, écrit de la science-fiction dont le héros est un inquisiteur espagnol du XIVe siècle et romance la vie de Nostradamus. Étrange mélange hétéroclite qui correspond bien à l'ambiguïté de cet écrivain tout en longueur et en gentillesse, à la voix affable et posée que son regard dénonce cependant parfois en se faisant dur sous les sourcils noirs. Evangelisti, c'est un phénomène éditorial en Italie. Son héros, Nicolas Eymerich, est inquisiteur en Espagne, dans un XIVe siècle tourmenté. Un dur, un méchant, un triste. Plein d'énergie sans doute, mais pour combattre, abattre, tuer ceux qu'il prend pour les ennemis de Dieu. Et l'auteur est parvenu à gagner ce pari insensé de faire de cet affreux un véritable héros de romans où le passé, le présent et le futur se mêlent, inextricablement. La mission divine d'Eymerich suscite d'étranges échos dans un futur où les hommes ne seront jamais que ce qu'ils ont toujours été : des médiocres. Plusieurs romans ont fait vivre Eymerich en italien ; quatre ont été traduits en français. Et le succès a été tel que l'éditeur d'Evangelisti, Mondadori, a osé un premier tirage de 140.000 exemplaires pour son nouveau personnage : Nostradamus, qui va vivre trois romans pleins de panache et d'action, en compagnie de personnages historiques que Nostradamus a connus ou aurait pu croiser : Rabelais, Catherine de Médicis, Scaliger, Lorenzaccio, Henri IV, le pape Paul III, Catherine de Médicis...

"PLUS IL EST MÉCHANT, PLUS JE SUIS HEUREUX"
N'attendez pas une biographie rigoureuse. Si Evangelisti a scrupuleusement respecté ce qu'on sait de la vie de l'auteur des Centuries, il a par contre, sans scrupule aucun, brodé autour des zones d'ombre. Le résultat est épique, avec des scènes d'amour et de gaudriole bienfaisantes et d'atroces récits de la peste. Michel de Nostre-Dame est évidemment le héros de ce roman. Mais c'est un héros qui ne se trouve pas, qui frémit avec le vent, ballotté par son désir de reconnaissance, les remords de sa vie passée et son angoisse du futur. Il ne semble jamais maître de son destin. Si bien que le "brave" Michel (avec tout ce que ce mot peut entraîner de connotations négatives) est vite éclipsé par la noire aura de Diego Molinas, un "familier", c'est-à-dire un agent, de l'Inquisition d'Espagne, qui poursuit Nostradamus de ville en ville, parce qu'il est coupable de pouvoir percer les secrets de ce mystérieux mots : Abrasax. Ce Molinas est extraordinaire de cruauté, d'inhumanité, d'inclémence. Dès qu'une pensée qu'il qualifie de mauvaise l'assaille, comme celle de contempler la nudité d'une femme à travers l'embrasure d'une porte, il se torture pour expier, s'enfonce un poignard dans la main, s'arrache les ongles, se brûle les doigts... Molinas devient ainsi quasiment le personnage le plus fort du premier tome de cette trilogie de Nostradamus et fait évidemment référence immédiate à l'inquisiteur Eymerich (qu'Evangelisti cite, d'ailleurs, avec humour, dans son Nostradamus). Le côté noir, c'est bien ce qui fascine Evangelisti. Et son lecteur. J'ai en effet étudié le caractère schizoïde des gens, dit l'écrivain italien. Eymerich, c'est le côté le plus sombre de mon caractère. Je suis un type plutôt gentil et amical, mais j'ai aussi des caractéristiques négatives : je suis méfiant, asocial. Pour faire Eymerich, j'y ai jeté le mauvais que j'ai en moi. Plus il est méchant, plus moi je suis heureux parce que ça me délivre de cet aspect-là. Alors, Evangelisti doit être heureux. Parce que dans Le mystère de l'inquisiteur Eymerich, l'inquisiteur dominicain est d'une férocité incroyable. Que ce soit pour éradiquer le culte païen qui règne sur la Sardaigne ou, en esprit, pour combattre Wilhelm Reich, le philosophe de la sexualité. Le roman se tisse ainsi en trois époques : 1365 en Sardaigne, 1957 dans le pénitencier de Lewisburg, en Pennsylvanie, où Reich est mort, et dans un avenir proche déshumanisé. Eymerich casse les barrières du temps, c'est le patron, du passé comme du futur.

"NOUS VIVONS À L'AGE DU MÉTAL"
Eymerich est une sorte de facho, mais je ne suis pas fasciste , se défend l'écrivain. J'ai créé un personnage désagréable, représentatif de mon côté sombre à moi, mais aussi, je l'espère, de toute l'humanité. Car Eymerich possède aussi un côté charmeur : il ne manque pas de grandeur, de dignité, de force. Mais ces qualités, il les met au service des idéaux les plus pervertis : l'autoritarisme, la violence, la domination. J'ai peur d'un personnage comme Eymerich , avoue Valerio Evangelisti. Je suis convaincu que des gens comme lui dominent le monde. Il parle du "vice affreux de la tolérance". Il dit : Moi, j'ai raison, vous pas, vous n'avez donc pas le droit d'exister. Et c'est ce que je vois dans le monde. Eymerich a la force et la froideur du métal. Pour Evangelisti, nous vivons à l'ère du métal. On voit, en Yougoslavie, au Liberia, ailleurs, des gens qui vivaient ensemble et qui ne veulent plus se connaître. Eymerich est une créature de métal, le seul qui comprend l'histoire de son époque et celle des autres ères. Nous vivons à l'âge des guerres absurdes et inutiles, et aucune force ne se trouve pour s'y opposer. Perdrions-nous notre imaginaire collectif, cette espèce de substance commune qu'il y a entre les hommes ? Mon effroi, c'est que cet imaginaire et donc ce tissu puissent se dissoudre totalement.

Valerio Evangelisti, Le mystère de l'inquisiteur Eymerich, traduit de l'italien par Serge Quadruppani, Rivages/Fantasy, 303 pp., 19,67 euro. Le roman de Nostradamus : Le présage, traduit par Sophie Bajard, Payot ; 358 pp., 18,29 euro.

Les bouleversements temporels de Luca Masali
La science-fiction italienne, on ne la connaissait que fort peu jusqu'ici. Lino Aldani, Stefano Benni avec son superbe Terra et quelque peu Dino Buzzati, qui a effleuré le genre. Pas davantage. Manque de traductions sans doute, mais aussi manque de talents. Tout cela change pour le moment. D'abord, la SF italienne vit une révolution salutaire et même une explosion, sous la houlette de Daniele Brolli et de Valerio Evangelisti ; et puis des rencontres se sont tissées au fil de conventions françaises entre gens de la SF italiens et français : des auteurs français sont traduits en italien et des Italiens sont traduits en français. Ce qui nous permet d'apprécier aujourd'hui les Fragments d'un miroir brisé, une anthologie de la nouvelle SF italienne compilée par Evangelisti. Cette SF est riche, presque mûre, passionnante en tous cas. La nouvelle cyberpunk de Silvio Soso, Ketama, Kappa, d'Evangelisti, Choukra, de Nicoletta Vallorani, sont de petites perles. Et, avec La baleine du ciel, Luca Masali montre ses racines verniennes, son amour des temps désarticulés et son plaisir de prendre des personnages historiques comme héros. Ici, c'est Nobile, qui réalisa avec Amundsen en 1926 le premier survol du pôle Nord à bord d'un dirigeable. Masali aime naviguer sur les océans enchevêtrés du temps. Dans Les biplans de d'Annunzio, il fait intervenir des gens du XXIe siècle durant la guerre 14-18, afin de lui donner une autre fin. Et l'aviateur Matteo Campini passe des duels dans le ciel de la première guerre mondiale aux massacres de la Bosnie d'aujourd'hui. Matteo Campini, on le retrouve dans La perle à la fin des temps. Où il plonge dans une fameuse aventure en 1924: il part avec André Citroën sur les traces du Scarabée d'or, une autochenille qui est abandonnée en plein désert. Mais les temps se télescopent, et surgit l'Istanbul du futur, hanté par les cyberderviches, prêtres d'un islam triomphant. Ce qui est remarquable dans ces romans de Masali, c'est le mélange totalement réussi de l'histoire, de l'érudition, de l'intelligence et de l'aventure. Si le reste de la SF italienne ressemble à du Masali, alors traduisez, messieurs les éditeurs.

Fragments d'un miroir brisé, anthologie présentée par Valerio Evangelisti ; traduite de l'italien par Jacques Barbéri ; Payot SF ; 287 pages, 19,67 euro.
Luca Masali : Les biplans de d'Annunzio ; traduit par Maria Grazini et Isabelle Lambert ; Fleuve noir ; 305 pages, 13,57 euro.
La perle à la fin des temps ; traduit par Jacques Barbéri ; Payot SF ; 395 pages, 22,11 euro.


MAGIC

Ils ont entre 16 et 25 ans, tous fanas des jeux de cartes de stratégie et d'"heroic fantasy". Ils se battent à coups de haches, d'arbalètes ou de morsures venimeuses. par Cédric Vantroyen
Plus de 30.000 euros, c'est ce que vient d'empocher l'Allemand Kai Budde en remportant le Pro Tour 2001 de Magic : l'Assemblée qui se déroulait les 4, 5 et 6 mai derniers à Barcelone en Espagne. Avant de gagner cette somme, Budde a dû enlever les 20 points de vie de son adversaire lors de la finale - retransmise en direct sur la chaîne sportive américaine ESPN - qui l'opposait à l'Américain Alan Corner, après s'être hissé jusqu'à la bataille finale au milieu de 329 concurrents. Les participants au Pro Tour étaient venus de tous les coins du globe, de Tokyo à New York en passant par Kiev et Singapour. Tous vouent une véritable passion fanatique à Magic : l'Assemblée, ne s'arrêtant de jouer que pour effectuer leurs besoins vitaux. Certains d'entre eux n'ont d'ailleurs vu de Barcelone que les fast-foods, ne quittant les tables de jeu que pour aller s'enfiler un McDo. Tu déjeunes, tu joues 3-4 heures, tu fais une pause puis tu recommences. T'es tellement dedans que parfois tu ne penses même plus à bouffer, explique Jean-Louis d'Hondt, 21 ans, un des cinq joueurs belges présents. Le meilleur de chez nous a terminé à la 97e place de la compétition.
Mais qu'est-ce que Magic ? Magic : l'Assemblée est en fait un jeu de cartes illustrées - les illustrateurs, adulés par les fans, étaient d'ailleurs présents à Barcelone pour des séances de dédicaces - qui consiste à retirer les 20 points de vie de son adversaire grâce à des combinaisons de cartes, d'attaques et de défenses. Les cartes se déclinent en créatures, sortilèges, enchantements, terrains, artefacts et autres productions fantasques issues du rayon "heroic fantasy". Magic est un jeu hybride du jeu de rôles, du bridge et des échecs. La base du jeu est assez simple à assimiler, mais dès que les cartes deviennent un peu plus compliquées (il existe plusieurs niveaux), le débutant y perd son latin. Le jeu a été lancé en 1993 par la société américaine Wizards of the Coast, propriétaire aussi des jeux de cartes Pokemon. Plus de sept millions d'adeptes du jeu sont répartis à travers 55 pays différents et près de 60.000 tournois de Magic se déroulent chaque année. Mais il n'y a que cinq Pro Tour et Kai Budde vient d'en remporter deux en un an et trois de suite. Un record. Mais qu'est-ce qui a poussé ces post-adolescents - la moyenne se situe aux alentours de 20 ans - à passer tout leur temps à jouer aux cartes ? Souvent, tu es attiré dans le jeu par des amis ou alors t'es déjà un fana de l'"heroic fantasy" et du monde qui s'y accroche, raconte Kurt Verbinnen, un autre des joueurs belges, âgé de 19 ans. J'ai découvert le jeu à sa sortie en 1993 alors que je faisais mes études de médecine, ajoute Michelle, une Américaine de 25 ans et surtout la seule fille encore en course le deuxième jour, après l'élimination de Kerrie - l'autre fille présente à Barcelone. Deux filles sur 329 compétiteurs ! Pour certains, comme Jean-Louis, si l'on veut arriver à faire quelque chose dans le Magic, il faut jouer sans arrêt jusqu'à ne plus avoir d'autre vie. Quand j'ai commencé, je n'avais que ça à faire et j'y passais tout mon temps, puis tu te rends compte que tu rates certaines choses de l'adolescence et tu te calmes. A moins de devenir pro et de gagner sa vie grâce au jeu. Et c'est le cas d'une petite partie des sept millions de joueurs. L'Américain Jon Finkel, par exemple, a déjà amassé près de 250.000 dollars au Magic. Il y a toujours le hasard de la pioche, mais des joueurs sont bons, très stratèges et donc gagnent souvent, continue Jean-Louis. Si tu ne joues pas assez, tu ne rivalises pas, mais il n'y en que 25 au monde qui gagnent leur vie avec ça. A côté du Pro Tour, un master regroupant les 32 meilleurs joueurs mondiaux (il existe un classement mondial) a été organisé. Là aussi, la récolte s'avère fructueuse (1,1 million de francs pour le gagnant). Elle s'ajoute à celle glanée dans le Pro Tour (les 64 premiers du Pro Tour gagnent au minimum 20.000 F). Le Magic, une passion lucrative... Dès le deuxième jour d'ailleurs, on sent bien que l'ambiance qui règne au sein de l'Arena barcelonaise a changé : la tension et le billet vert sont venus s'ajouter aux tables de jeu. Les juges - il y en a une vingtaine, tous reconnus officiellement et ayant passé des tests d'aptitude à gérer des conflits - doivent intervenir beaucoup plus souvent et la moindre petite faute devient fatale. Quand il y a 1,5 million en jeu, ça pousse parfois des joueurs à utiliser des moyens pas très orthodoxes ou d'être hyper pointus sur les règles, ce qui n'est pas trop dans l'esprit du jeu pour moi, nous explique un joueur.

Autour de la compétition, une multitude d'échanges, de tournois spécifiques ou ouverts à tous, de quiz, de discussions sur le jeu et la manière d'avoir de nouvelles cartes ou de se former un deck (un set de cartes) efficace sont organisés. Histoire d'être plongé dans l'univers héroïco-fantastico-médiéval de Magic en continu comme il se doit pour tout bon joueur qui se respecte.

Pour tout savoir : http://thesanctuary.free.fr/


QUAND LA SCIENCE-FICTION S’EVEILLE, LES EDITEURS EXPLOITENT CE GENRE MARGINAL

La littérature d’anticipation connaît en France un regain d’intérêt. La science-fiction ne représente certes qu’un très petit segment de l’édition, aujourd’hui dans l’actualité grâce au Salon du livre. Mais les statistiques sont trompeuses. Car ce genre, qui étend souvent son influence à la littérature générale, voit ses ventes progresser régulièrement. Il est à l’origine d’un incontestable dynamisme éditorial nourri par une génération montante d’auteurs.
Si le terme cyberspace figure aujourd’hui en bonne place aux côtés d’e-mail, start-up, protocole http, etc., dans les glossaires destinés aux intemautes, ce n’est pas parce qu’il a été inventé par un gourou de la Toile. Il est sorti de l’imagination fertile de l’auteur d’un thriller informatique dans lequel le cerveau du héros est branché sur des banques de données, Voilà plus de quinze ans, en 1984, l’Américain William Oibson publiait Neuromancien, le roman fondateur du courant cyberpunk, un sous-genre de la science-fiction fortement influencé par les nouvelles technologies. Depuis, la science-fiction a continué à contaminer le réel, et certains des rêves les plus fous de ses auteurs pourraient bientôt se réaliser. La recherche permet d’espérer l’invention de molécules contre le vieillissement, la téléportation devient envisageable grâce à la compression des données et si certains ont dû renoncer aux Martiens, de nouvelles galaxies sont sans cesse découvertes.
Le cinéma est le grand bénéficiaire de cet engouement pour la science-fiction, comme l’a montré récemment le succès de « Matrix “ ou la renaissance de Star Wars. Dans l’édition, en revanche, cette discipline reste marginale.

Des frontières difficiles à établir
« Ce qui est terrible, c’est que la plupart des amateurs de Matrix ou de La Guerre des étoiles ne font pas le rapprochement, ils ne se rendent pas compte que c’est de la science-fiction », s’indigne Doug Headline, directeur de la collection Fantasy chez Rivages. «La science-fiction est en train de tout envahir à partir de la littérature, mais la littérature n’en profite pas. Il n’y aurait pas eu 2001 sans le roman d’Arthur C. Clarke et il n’y aurait pas eu “Matrix’. sans les mangas japonais qui tirent leur imaginaire de la bande dessinée américaine, elle-même in,\’pirée des pulps de science-fiction des années 50 », explique-t-il. En 1999 (*), le chiffre d’affaires des livres classés dans le segment « science-fiction, terreur, épouvante “ a représenté près de 80 millions de francs, soit seulement 0,6 % des ventes de l’édition en France, selon le Syndicat national de l’édition. Une goutte d’eau, donc, dans l’ensemble du marché, a fortiori si l’on s’en tient à une définition stricte de la SF, excluant la terreur et le fantastique, Le constat est le même en termes de nombre d’exemplaires vendus. Aucun livre de science-fiction ne figure dans le classement des meilleures ventes 1999 établi par Livres Hebdo. Mais les chiffres sont trompeurs. Les frontières du genre sont en effet difficiles à définir et la science-fiction étend souvent son influence à la littérature générale. Des oeuvres comme Les Racines du mal de Maurice G. Dantec, Les Particules élémentaires, de Michel Houellebecq ou Les Fourmis, de Bernard Werber, intègrent ainsi largement une dimension science-fiction tout en appartenant à des collections généralistes. «Quand on y réfléchit bien, s’intéresser au monde des fourmis, cela fait partie des obsessions scientifiques qui ont beaucoup travaillé les auteurs d’anticipation», note Benoît Cousin, éditeur junior du pôle Imaginaire chez J’ai Lu, qui publie deux collections de science-fiction, l’une en poche et l’autre -Millénaires, créée en 1998- en semi-format. De son côté, Doug Headline observe qu’«une contamination des genres les uns par les autres est en train de se produire. Certains romans sont à la croisée du polar, de l’épouvante et de la science-fiction. Ce sont des romans inclassables... d’ailleurs souvent les plus intéressants.». Pour sa part, Jacques Chambon, ancien de Denoël, qui dirige depuis un an et demi la nouvelle collection moyen format ImaGine chez Flammarion, a volontairement donné à celle-ci une connotation éclectique: « Le premier tome des nouvelles de Richard Matheson a ouvert la collection parce que cela annonçait bien la couleur : c’est un auteur qui a touché à tous les genres, du thriller au fantastique, en passant par la terreur et l’humour. 1l est très représentatif de I’éclectisme que je compte faire prévaloir. » Le directeur d’ImaGine ajoute que ce décloisonnement est aussi une manière, en supprimant «l’étiquette science-fiction», de faire découvrir cette littérature à des néophytes, souvent armés de préjugés contre un genre dit « populaire ». Car la science-fiction reste bien le vilain petit canard de l’édition. Jacques Baudou, pour Le Monde, et Philippe Curval, pour Le Magazine littéraire, font partie des rares chroniqueurs de science-fiction, ce genre auquel Bernard Pivot n’a consacré qu’une seule émission. «La science-fiction est une littérature illégitime et c’est précisément de cette illégitimité qu’elle tire sa force, son impertinence... Cette littérature ne sera jamais acceptée, et Dieu merci!» se plaît à souligner Daniel Riche, ancien directeur de collection au Fleuve Noir.

L’effet « an 2000 »
Malgré ces problèmes de médiatisation et de reconnaissance auprès du grand public, la littérature de science-fiction connaît actuellement un regain d’intérêt comparable à celui des années 50 ou des années 70. Même si elle ne constitue qu’un très petit segment du marché de l’édition en termes de progression des ventes, la science-fiction se porte bien. Selon les chiffres du Syndicat national de l’édition, les ventes du segment «science-fiction, terreur, épouvante» ont ainsi progressé de 8,4% en valeur entre 1998 et 1999, et de près de 20 % entre 1996 et 1999, dans un marché de l’édition frappé d’anémie, à l’exception de l’an dernier. Sur le court terme, le passage au troisième millénaire semble avoir joué un rôle important dans l’intérêt renouvelé des lecteurs français pour une littérature dont beaucoup de classiques de La machine à explorer le temps, de H. G. Wells, à 1984, de George Orwell, et à 2001 l’Odyssée de l’espace - jouent sur l’imaginaire du futur et la projection dans l’avenir. A la FNAC, une opération spéciale science-fiction alliant textes et bandes dessinées sur le thème «Changez d’ère!» a remporté un franc succès début 2000. «Symboliquement, organiser cette opération au moment du passage à l’an 2000 tombait bien», explique Pascal Godebillon, responsable des produits BD, science-fiction et policiers à la FNAC. Témoin de cette réussite, la progression du chiffre d’affaires du segment «science-fiction, fantastique, terreur», a battu des records au premier semestre. Les livres grand format ont été les principaux gagnants de l’opération : leurs ventes en valeur ont augmenté de 34,8 % par rapport au premier semestre de l’an dernier, alors que, pour l’ensemble de l’année 1999, la croissance s’était élevée à 11,9 %. L’an 2000 a été doublement célébré par les éditions J’ai Lu, car elles fêtaient également les trente ans de 1eur collection de science-fiction en poche. Publication en Librio d’«Une histoire de la science-fiction», de Jacques Sadoul, en quatre volumes, sortie du feuilleton de l’auteur français Pierre Bordage en six épisodes et succès de ce dernier au festival Etonnants Voyageurs, début mai à Saint-Malo : selon Benoît Cousin, la maison d’édition a cherché à “marquer le coup avec l’événement an 2000 en créant une émulation science-fiction sur toutes les collections”. Les éditeurs n’ont pourtant pas attendu les célébrations du millénaire pour mettre la science-fiction à l’honneur. L’augmentation lente mais régulière des ventes s’accompagne, depuis quelques années, d’un dynamisme éditorial incontestable qui a vu notamment l’émergence d’une génération d’auteurs français n’ayant plus rien à envier aux Anglo-Saxons. Pierre Bordage, Ayerdhal, Serge Lehman, Jean-Claude Dunyach ou Thomas Day font partie de cette nouvelle génération d’auteurs français qui, apparue au milieu des années 80, a succédé aux écrivains des années 50 et 70, beaucoup plus politisés et engagés, comme Gérard Klein ou Philippe Curval.

Multiplication des collections
«En termes de chiffre d’affaires, c’est très net, ces auteurs tiennent le haut du pavé. Ils sont même passés devant les Anglo-Saxons contemporains, en dehors des classiques comme Herbert ou Asimov, qui réalisent toujours les meilleures ventes», commente Benoît Cousin. La qualité de cette nouvelle génération d’auteurs français réside aussi dans la place accordée à l’écriture, après tant d’années pendant lesquelles seul le contenu importait, explique Daniel Riche. “Ces jeunes écrivains ont enfin compris qu’il fallait renouer avec le récit, l’art de la narration et les techniques littéraires traditionnelles”, estime-t-il. Cet art du récit de science-fiction est au centre des préoccupations littéraires de Serge Lehman. auteur de romans (FAUST, Aucune étoile aussi lointaine), de nouvelles (Nulle part à Livérion, L’Inversion de Polyphème) et d’anthologies (Escales sur l’horizon). La science-fiction, analyse-t-il, est “moins un genre littéraire qu’une langue étrangère qui procure à ses initiés un vertige (...), le plaisir d’avoir repéré les indices qui permettent de déchiffrer un monde totalement étranger. Tout l’art de la narration réside dans l’habileté avec laquelle l’auteur distille ces indices. Le renouvellement rapide des collections est un autre signe de la bonne santé de la science-fiction française. La création de la petite maison d’édition Mnémos, il y a cinq ans, a été suivie de l’apparition d’une myriade de micro-éditeurs, parmi lesquels Naturellement, Nesti Veqnen ou Orion.
En janvier 2000, le Fleuve Noir a mis fin à ses très populaires collections de poche, pour ne plus publier qu’une édition moyen format. L’autre grand événement de l’année aura été la reprise en poche par Gallimard de la collection moyen format Présence du futur de Denoël. L’arrivée de la science-fiction chez Gallimard est interprétée de façons diverses. Pour certains, c’est le signe que ce genre a enfin gagné ses lettres de noblesse, pour d’autres, comme Gérard Klein, cette décision de l’éditeur de reprendre en format poche le fonds littéraire de sa filiale est motivée par “des soucis de gestion interne et de rentabilité”. Le directeur de la collection Ailleurs et Demain (Laffont) souligne que la multiplication des collections semble avoir atteint ses limites : « Quand les éditeurs pensent, à ton ou à raison, qu’un genre marche bien, chacun veut sa collection. Mais il n’y a de place dans l’édition de science-fiction que pour huit à dix collections. C’est une constante depuis les années 50, et c’est pourquoi de sérieux réajustements se produisent actuellement.» En effet, si les collections de science-fiction se multiplient, le lectorat n’augmente pas dans les mêmes proportions et repose encore largement, en dépit des efforts de promotion des éditeurs, sur une frange d’initiés. Doug Headline observe: «Il y a une pléthore de collections depuis deux ans, et beaucoup trop de mauvais livres sont publiés. La bulle va éclater, certaines collections s’arrêteront et leurs éditeurs se mordront les doigts. Le lectorat de la science-fiction n’est pas extensible à merci. Il est souvent constitué de jeunes avec un faible pouvoir d’achat». Mais ce sont précisément ces jeunes qui, connectés à Internet, amateurs de jeux vidéo et rompus au multimédia, pourraient permettre à la littérature de science-fiction de faire peau neuve. Car c’est peut-être dans les groupes de discussion du réseau mondial, au sein des univers raffinés et barbares des jeux vidéo et au travers des personnages inquiétants des jeux de rôle que l’avenir de cette littérature a déjà commencé.
(*) Dernières statistiques de l’édition disponibles.


La littérature d’anticipation a largement investi la Toile

Outil privilégié d’échanges très prisé des amateurs, Internet compte quelque 30.000 sites ou pages personnelles consacrés au genre. La littérature de science-fiction pourrait enfin accéder à la reconnaissance dont bénéficie déjà le genre sur grand écran grâce aux mutations technologiques de ces dernières années. La présence de la littérature de science-fiction sur Internet, même si elle est difficile à évaluer économiquement, progresse en effet à grands pas. Source d’inspiration pour, les auteurs, qui sont nombreux a avoir imaginé depuis longtemps la communication en réseau, la Toile est aussi un outil privilégié d’échanges pour le noyau dur des lecteurs de science-fiction. D’après le Guide Totem de la science-fiction (Larousse), il existe pas moins de 30.000 sites Internet ou pages personnelles liés au genre. Des bases de données, véritables encyclopédies consacrées à la science-fiction comme XLII (www.quarante-deux.org) ou Noosfere (www.noosfere.com), aux sites des magazines et revues, en passant par les sites personnels, la littérature de science-fiction a largement investi le réseau mondial.

Du fanzine à l’e-zine
“Comme tous les amateurs de culture “Underground”, ou en tout cas mal acceptée par /a culture dominante, les amateurs de science-fiction ont toujours énormément correspondu entre eux “, explique Daniel Riche, ancien directeur de collection au Fleuve Noir. “ Au “fandom” des années 30 et 40 - ce petit milieu constitué de lecteurs et d’écrivains dialoguant par l’intermédiaire des fanzines (NDLR : bulletins de liaison sur l’actualité du genre destinés aux fans) - ont succédé les e-zines, forums de discussion sur Internet qui sont l’archétype de l’outil dont les amateurs de science-fiction ont longtemps rêvé.“ Les moteurs de recherche permettent de trouver plusieurs centaines de sites personnels, au graphisme souvent bigarré et très étudié, sur lesquels les fans présentent biographies d’auteurs, critiques d’ouvrages et forums de discussion. LivreSF (www.multimania.com/livreSF), par exemple, propose aux internautes de participer à la rédaction d’un roman de science-fiction interactif, de télécharger des nouvelles et des romans écrits par certains visiteurs du site, de visiter une galerie de photos et d’images 3D comprenant des vues de l’espace prises par la NASA. Ce mélange de textes et d’images, que permettent les technologies multimedia, pourrait être un atout considérable pour la popularisation de la science-fiction, qui joue sans cesse sur I’imaginaire visuel des lecteurs, passerelles entre écrit et virtuel. Des expériences de collaboration entre littérature de science-fiction et jeux vidéo ont d’ailleurs débuté, notamment à l’initiative des éditions J’ai Lu. Une nouvelle d’Hervé Jubert, sorte d’introduction à l’univers du jeu vidéo, est inclue dans le coffret du jeu « Deep Fighter », d’Ubi Soit. Commercialisé en septembre dernier, il a été suivi d’un roman du même auteur qui en raconte la suite. Une expérience similaire avait été menée en1998 par Pierre Bordage, avec l’adaptation romanesque d’« Atlantis», sorti chez Cryo.. C’est dans une même perspective de mélange des univers écrit et virtuel que Benoît Cousin, jeune éditeur du pôle imaginaire de J’ai Lu, prépare la publication en mai 2001 d’un roman de Jean-Marc Ligny, Chroniques des nouveaux mondes. Une version en ligne du roman sera disponible trois semaines avant sa mise en rayon. Elle comportera des liens hypertextes renvoyant à un site Internet sur lequel seront publiées des illustrations qui traduiront l’univers du roman et permettront de passer d’un élément de texte à un élément graphique. Autant de passerelles inédites entre univers graphique, ludique, virtuel et écrit.


« L’ auteur de SF raisonne comme un entrepreneur »

Pour Michel Pébereau (*), lecteur passionné de science-fiction, les patrons doivent exercer leurs capacités de création et d’imagination.

Comment est né votre intérêt pour la science-fiction ?
Tout à fait par hasard, il y a un peu plus de trente ans. J’étais, à l’époque, jeune inspecteur des finances en mission à Madagascar pour une enquête sur le fonctionnement de l’ensemble des organismes français de coopération et de recherche en matière agricole. Pendant les week-ends, j’avais besoin de lecture, donc je suis allé à la librairie de Tananarive. Comme j’avais lu à peu près tout ce qu’il y avait en matière de littérature générale, j’ai découvert le rayon science-fiction, qui était composé d’une série de la collection Présence du futur de Denoël, C’était un genre littéraire dont j’ignorais tout, sauf Jules Verne, bien sûr. A l’école Polytechnique, certains de mes camarades en lisaient. Moi non ; j’étais alors plongé dans Apollinaire. Depuis, je n’ai plus quitté la SF. Des conversations avec un ami psychanalyste m’ont permis d’en avoir une approche plus éclairante et vraiment intéressante. Je lis une douzaine de livres par mois et j’en critique quatre à cInq pour la revue La Recherche.

Quels sont vos auteurs préférés ?
Croisière sans escale de Brian Aldiss, Solaris de Stanislas Lem, Fondation d’Asimov, Ubik de Philip K. Dick font partie des livres qui m’ont attiré vers la science-fiction. Mais depuis, j’ai constaté que, dans ce genre, plus peut-être encore que dans les autres, si on laisse de côté les romans d’aventures écrits à la chaîne, il y a presque toujours quelque chose à découvrir chez un auteur. Cela dit, il y a des oeuvres qui se détachent par leur ambition, leur force, leur cohérence, la fascination qu’elles exercent sur le lecteur : le cycle des Fondation d’ Asimov, mais aussi celui de Dune d’Herbert, d’Hyperion et d’ Endymion de Dan Simmons, ou la série consacrée à la colonisation de Mars, de Kim Stanley Robinson, ou encore Le Fleuve de l’Eternité de Farmer. A mon avis, ils se comparent très favorablement aux grandes fictions du XIXe siècle; ils emportent le lecteur avec autant d’efficacité que les Trois Mousquetaires de Dumas. Mais ils ont une plus grande ambition : ils explorent de nouveaux mondes, de nouveaux mythes, sur la base, bien sûr, de transpositions de notre propre univers, de notre propre histoire.

Que vous apportent vos lectures ?
La démarche intellectuelle de la science-fiction grossit le trait par rapport au principe de la démarche littéraire habituelle. Elle est assez proche de la démarche mathématique dans laquelle on fixe des postulats, et on en déduit un certain nombre de théorèmes : on crée ainsi un univers qui a sa propre logique. Le raisonnement aux limites est égaIement dans la ligne de la démarche mathématique. Qui devient une. fonction quand certaines variables sont poussées à leur limite ? Que se passe-t-il si l’usage des drogues se généralise, se banalise ? Si la chirurgie introduit dans le corps humain des séries de microprocesseurs ?
Et puis, vous savez, la démarche de l’auteur de SF ressemble vraiment à une démarche entrepreneuriale. Le raisonnement qui consiste à dire «où allons-nous nous retrouver si je pose tels postulats ?», c’est la question que se pose l’entrepreneur à chaque instant de sa vie professionnelle : «où sera l’entreprise dans deux, trois, cinq, dix ans si je prends telle décision ?» La science-fiction fonctionne sur un mode de pure logique, même si le lecteur a souvent I’impression qu’elle relève purement du domaine imaginaire. Avoir pour hobby un genre littéraire qui vous conduit à entraîner votre esprit à ce qui est votre métier ne me paraît pas absurde du tout. Au demeurant, les entrepreneurs doivent exercer leurs capacités de création et d’imagination.

A votre avis, comment se porte la littérature de science-fiction en France ?
Aujourd’hui, il existe en France un courant de science-fiction aussi riche que le courant américain. Simplement, il ne bénéficie pas d’une demande aussi forte de la part des lecteurs. Jusqu’à présent, aucun auteur français n’a réalisé une oeuvre de la dimension de Dune ou d’Hyperion. Nous avons de très grands auteurs qui n’ont jamais cessé d’écrire, comme Philippe Curval, G.J. Arnaud, ou J. P. Andrevon, et d’autres qui ont malheureusement abandonné le genre, comme M. Jeury. Mais surtout, il y a toute une relève, parmi laquelle figurent Ayerdhal, Pierre Bordage, Thomas Day, Serge Lehman, ou Roland Wagner, qui a la capacité de s’engager dans des projets de cette ampleur. L’émergence de cette jeune génération est accompagnée par les éditeurs : plusieurs s’intéressent au genre, et de nouvelles collections apparaissent ; des périodiques aussi. La SF française se porte bien, et elle devrait nous étonner dans les années à venir.

Propos recueillis par D. M.
(*) Michel Pébereau est PDG de BNP Paribas.


LE SOUK DE LA SF

Deux combattants de la Guerre des étoiles égarés loin de leur planète, un cosmonaute main dans la main avec une pieuvre géante, un immense chêne qui parle accompagné d’une créature rousse... On se croirait immergé dans un livre de fantasy ou de space opera. On est au plus grand rassemblement de fans de science-fiction du monde, le Worldcon. Ce concours de déguisements, la masquerade est l’un des clous de la convention. Dans la salle de réception du Fairmont, un quatre étoiles d’une trentaine d’étages qui surplombe la Chicago River, le public applaudit bruyamment ou siffle. Les fans de SF sont de grands enfants. Depuis soixante-deux ans, ils se retrouvent chaque année pour célébrer leur passion dans une ville différente. Du 31 août au 4 septembre, ils étaient plus de 5 600 venus perpétuer la tradition à la 58e convention internationale de science-fiction à Chicago, la Chicon 2000. La première édition, en juillet 1939, ne comptait que 200 participants. A ce premier Worldcon assistaient des auteurs devenus ensuite des grands noms de la SF comme Isaac Asimov, Ray Cummings, Jack Williamson, Lyon Sprague de Camp et Ray Bradbury. «J’avais prêté 50 $ à Ray Bradbury pour qu’il puisse passer trois nuits à New York», s’amuse à raconter Forrest J. Ackerman, qui vient justement de fêter les 80 ans de son débiteur. Seul membre costumé, le cofondateur de la revue de cinéma fantastique Famous Monsters of Filmland se fait alors remarquer dans les rues de Manhattan avec un déguisement futuriste. Il en rit encore en se remémorant les gens criant «Flash Gordon» sur son passage. Aujourd’hui, Ackerman préfère déguster la masquerade, plutôt que de s’accoutrer lui-même. Seule une grosse bague turquoise, celle de Dr Acula, rappelle qu’il a créé certains des plus fameux personnages de SF dont le plus sexy, Vampirella. Editeur, scénariste et acteur, il a aussi côtoyé les plus grands de Fritz Lang à H. G. Wells. Ce sémillant octogénaire se vante de n’avoir loupé que deux Worldcon, en 1951 à la mort de son père, et l’année dernière pour des raisons «financières». C’est dire l’importance de ce rendez-vous rituel.

La cérémonie des Hugo
«Je n’échangerais pas mon Hugo contre Harrison Ford», hurle Connie Willis devant une salle hilare, en brandissant sa fusée, comme d’autres exhibent leurs palmes ou leurs Oscars. Car c’est bien de cela qu’il s’agit ce samedi soir dans le ballroom du Fairmont Hôtel de Chicago: la remise solennelle des 47e Hugo, la plus fameuse des récompenses en SF. Une tradition qui remonte à 1953 (inaugurée par Isaac Asimov) onze ans après la naissance du Worldcon. Hugo? L’appellation ne doit évidemment rien à Victor Hugo, comme l’aurait cru Raymond Chandler. Elle honore Hugo Gernsback, créateur en 1926 d’Amazing Stories, le premier magazine de science-fiction. Ce sont les fans qui votent pour leurs œuvres préférées. Et l’on dit des Hugo qu’ils sont à l’image de leur goût, plutôt «traditionnaliste». «La veille de la remise des Hugo, on se disait avec James Patrick Kelly (Hugo de la meilleure novellette) qu’on manquait d’idées, qu’on était vieux. On ressemblait à deux vieilles actrices qui bavardent de leur maquillage. Mais en gagner un me remotive», avoue Connie Willis, récompensée cette année dans la catégorie des meilleures nouvelles pour The Winds of Marble Arch. 55 ans aujourd’hui, Connie Willis, comme beaucoup d’auteurs de SF, a connu le succès assez tardivement. «Quand je suis venu avec James Patrick pour la première fois au Worldcon, c’était en 1980 à Boston, nous publiions tous les deux dans la même revue. Nous n’avions pas d’argent, on mangeait au McDo et on regardait les célébrités avec des grands yeux.» A l’époque, l’arrivée de femmes dans le champ de la SF était peu apprécié. «Un très grand auteur, encore vivant, m’a dit: “C’est bien de s’amuser en écrivant, mais après vous allez retourner dans votre cuisine.”» Vingt ans après, la pétillante Connie Willis est toujours là. Elle en est à son sixième Hugo, dont le plus prestigieux, celui du meilleur roman, obtenu en 1999 pour le drolatique Sans parler du chien (J’ai Lu/Millénaires). Cette année, c’est l’auteur mathématicien de profession Vernor Vinge pour A Deepness in the Sky (à paraître au printemps 2001 dans la collection «Ailleurs et Demain» de Robert Laffont), qui a reçu la «fusée d’or». Il l’avait d’ailleurs déjà eu en 1992.

Parties
Elles sont incontournables au Worldcon : les parties, organisées dans les suites de l’hôtel Hyatt. Si Connie Willis, qui a besoin de ses huit heures de sommeil, admet s’y prêter sans abuser des heures supplémentaires, le débonnaire Mike Resnick les enfile comme des perles. Comme il s’en tient une vingtaine par soir, Mike Resnick, 58 ans, fidèle au Worldcon depuis 1963, récompensé en 1989 pour Kirinyaga, une utopie africaine, consulte sa liste. Il choisit de se rendre d’abord à la so irée japonaise, chambre 2 677. Ses hôtes, bandeaux blancs de samouraï dans les cheveux, l’accueille à bras ouverts. Les murs de la suite sont recouverts de pochettes de livres de SF, version japonaise. Sur l’immense lit «Queen», un tapis de mangas. Le sake a la primeur sur la bière. Les conversations tournent autour de la possibilité d’organiser une édition du Worldcon à Tokyo. Car si le Japon a le privilège d’être le seul pays à pouvoir attribuer son propre prix lors de la cérémonie officielle des Hugo, jamais la Worldcon ne s’y est tenue. Manifestation itinérante, la convention mondiale change de ville chaque année mais reste très américaine. Seulement 13 sur 58 se sont tenus hors du continent. La délégation japonaise forte d’une quarantaine de membres cette année propose de l’accueillir en 2007. Sur le carton d’invitation aux autres parties: Charlotte in 2004, Boston in 2004, ou même Chernobyl in 2014 ou Atlantis in 2050... Chaque party «vend» en fait sa ville. Après un gros quart d’heure passé avec les Japonais, Mike Resnick reconsulte sa liste: direction UK 2005, dans la suite 2 870.

La dealer’s room
Des livres, des vidéos, des costumes, des dinosaures en plastique, des premières éditions dédicacées, des comics, des jeux, des tee-shirts couverts d’aliens... La dealer’s room, au deuxième sous-sol du Hyatt, porte assez bien son nom. On y trouve tout ce qui a trait à la science-fiction. Et tout y est à vendre. Sur son stand, Gardner Dozois, le rédacteur en chef d’Azimov’s science-fiction depuis 1985, prétend candidement qu’il «a besoin de venir ici. J’ai plein d’amis ici, j’aime les retrouver, apprendre qu’ils ont un nouveau gouverneur, qu’ils ont déménagé ou qu’ils ont divorcé...». Il vient là surtout pour faire son boulot: parler aux auteurs et racoler des abonnés potentiels à sa revue, vendue à 60 000 exemplaires chaque mois. Sur sa table trône aussi le dix-septième volume de Year’s Best Science-Fiction qui rassemble les meilleurs textes de l’année. «La production est de très bonne qualité aujourd’hui et dans tous les genres, hard science, space opera ou fantasy», assure Gardner. Mais, comme en France, c’est la fantasy qui caracole en tête des ventes. L’uchronie, qui propose des alternatives au cours normal de l’histoire, apparaît également comme une tendance récente des publications, et qui marche assez bien. L’uchronie permet un croisement des genres, de mélanger le polar, la fantasy, le cyberpunk ou le steampunk. Mais la science-fiction en général ne se vend pas autant qu’elle produit. Sur un millier de livres de SF, fantasy et horreur publiés aux Etats-Unis en 1999, «une centaine seulement s’est bien vendue», estime Walter Joan Williams, auteur cyberpunk qui vient de publier The Rift, un roman «séismique» le long du Mississipi. «J’écris essentiellement des romans, parce que c’est plus rentable. Alors que je suis meilleur noveliste.» D’après Gardner Dozois, vingt-cinq écrivains vivent de leur plume aux Etats-Unis. C’est le cas bien sûr de Mike Resnick, Connie Willis ou Stephen Baxter. «Alors qu’en 1970, seuls cinq ou six écrivains pouvaient vraiment en vivre...» Le très courtisé rédacteur en chef d’Azimov paie 8 cents (60 centimes) le mot pour des «shorts stories» d’environ 5 000 mots. On trouve plus généreux sur le marché, mais pas aussi célèbre. Gardner Dozois a reçu cette année son onzième Hugo dans la catégorie éditeur professionnel et il publie des auteurs très connus aux Etats-Unis comme Ursula Le Guin, Michael Swanwick, Stephen Baxter, Kage Baker, Chris Larsen ou Greg Egan.

Silverberg signe
Robert Silverberg, 65 ans, est un des écrivains les plus prolifiques que la science-fiction ait jamais produit. Un des plus connus aussi. Ce vendredi à 14 h 30, il entame une séance de dédicaces. Il sait qu’elle sera loin d’être tranquille. Car les fans d’autographes font la queue. Beaucoup transportent des piles d’éditions originales ou se trimbalent avec des valises bourrées de bouquins. Silencieux et calme, Silverberg va se prêter au jeu. Il paraît pourtant désabusé. Son aspect raffiné et lointain détonne dans un Worldcon, où le masque de dragon, le tee-shirt criard et l’obésité prévalent. «Je n’ai9 famille. Le Worldcon, c’est ma famille. Ici, je vois mes frères et mes sœurs.» Il a rencontré sa femme dans une convention au Texas, il a changé d’éditeur à une Worldcon. Une vie de SF. Sauf que Robert Silverberg a un problème. Il ne lit plus de SF. «Dès l’enfance, j’ai lu de la science-fiction. J’en ai lu assez. Maintenant, je me retourne vers Tolstoï ou Melvil. Je ne lis pas les nouveaux auteurs de SF. J’ai encore assez de temps pour José Saramago, mais plus pour Greg Egan», jeune auteur australien de 40 ans version hard-science. David Marusek, un auteur qui monte, cherche justement Silverberg. Il veut remercier un maître du genre de l’avoir soutenu. Le Worldcon est l’occasion d’approcher les grands de ce monde. Lui vit dans un chalet rudimentaire près de Fairbanks en Alaska, relié au monde par l’Internet. L’Enfance attribuée (Bifrost/Etoiles Vives), son unique roman paru en France parle d’un futur technologique où l’homme ne peut plus se passer d’assistants personnels virtuels. Presque demain. Alors, quel avenir pour la SF? «La réalité va plus vite que la science-fiction. La science-fiction, si elle veut survivre, doit travailler dur pour rattraper la réalité», énonce le sérieux Walter Jon Williams.

La Ligue des Gentlemen extraordinaires

Sur les écrans depuis le 1er octobre, ce film m'a donné envie de vous parler un peu de ce groupe de "super-héros" de l'Angleterre victorienne, dont Alan Moore nous conte les aventures dans un comics du même nom. L'idée de départ est assez simple. Qui n'a jamais imaginé gamin voir se rencontrer Albator, le Capitaine Flam et le prince Actarus ? Dans mes délires d'enfant, Thomas Magnum côtoyait Angus McGyver (si si c'est ça son prénom !), l'Agence tous risques et Steve Austin ! Et ça donnait des trucs assez bizarres mais très excitants ! Mais bon je m'égare, je ne suis pas là pour vous raconter comment Futé a piqué Jody la copine de Colt Seavers sous le nez d'Howard… Des héros d'horizons différents qui se rencontrent, voilà le postulat de départ du créateur des Watchmen et de From Hell. Sauf que ses héros à lui n'ont rien à voir avec le petit écran, mais sortent tout droit de la littérature populaire de la fin XIXème / début XXème siècle. Les classiques de l'aventure et du fantastique quoi. Alan Moore s'attèle donc à un "crossover" géant où se croisent les héros de Jules Verne, HG Wells ou encore Robert L. Stevenson… Il imagine pour ce faire une équipe, la League of Extraordinary Gentlemen, mandatée par l'Empire Britannique pour assurer sa sécurité à travers le monde.
Première recrue et leader du groupe, Wilhelmina Murray, autrement dit la Mina Harker du Dracula de Bram Stoker. Celle-ci a quitté son mari Jonathan Harker après leur mésaventure avec le comte transylvanien et met ses talents au service du mystérieux "M", homme de l'ombre qui va confier ses missions à la Ligue. D'ailleurs certaines rumeurs courent sur lui… il s'agirait en fait de Mycroft Holmes, le frère de ce cher Sherlock… (mais ça je vous laisse lire le comics pour avoir le fin mot de l'histoire…). Seconde recrue, et non des moindres, le Capitaine Nemo en personne. Plutôt surprenant de la part d'un ennemi déclaré de l'Empire Britannique que de se mettre au service de la couronne… On découvre un personnage sombre qui ne cesse d'inquiéter tant il ne cache pas son animosité à l'égard de la civilisation anglaise qu'il juge en pleine déchéance morale. Mais face à des menaces plus globales, il met à disposition toute sa technologie futuriste dont le Nautilus est l'un des fleurons. Le Prince Indien déchu de Jules Verne est indéniablement un homme dangereux… Ensemble, Harker et Nemo enrôlent le vieil Allan Quatermain, qui après tant d'aventures trépidantes est devenu un alcoolique doublé d'un opiomane au dernier degré. Le héros de Henry Ridder Haggard, qui lui a consacré tout un cycle d'aventures extraordinaires en Afrique coloniale (dont Les Mines du Roi Salomon sont le chapitre le plus connu) est présenté ici sous un bien mauvais jour, à la recherche d'un héroïsme et d'une grandeur qu'il semble avoir perdus il y a longtemps… Puis vient la capture du personnage à double personnalité de Robert L. Stevenson, le fameux Dr Jekyll / Mr Hyde … Si Henri Jekyll apparaît comme faible, apeuré et très perturbé, son alter-ego bestial est une véritable bombe à retardement. Mr Hyde ressemble plus à un gorille géant friand de chair fraîche qu'à un homme. Il n'y a guère que Mina Harker qui sache l'amadouer et l'amener à faire ce qu'elle désire… la bête n'est pas insensible aux charmes de la belle. Et pour compléter cette ménagerie, c'est le pervers Hawley Griffin, autrement dit l'Homme Invisible de H.G. Wells, qui rejoint (un peu contraint et forcé) le groupe. Griffin est un homme sans scrupule, il use de ses talents à des seules fins personnelles, le sexe et l'argent étant ses deux centres d'intérêts principaux…
Voilà pour les personnages qui forment la Ligue. Sachez toutefois que (comme souvent avec Moore), la BD regorge de références à une multitude de personnages de la littérature populaire. Ainsi, un de leurs premiers ennemis ne sera autre que le Dr Fu-Manchu lui-même (personnage créé par Sax Rohmer). Le Mouron Rouge (de la Baronne Orczy), Miss Coote (héroïne de romans coquins de l'époque) et même un certain Campion Bond (seconde référence à l'univers de Ian Fleming après "M") font des apparitions plus ou moins remarquées au cours des aventures de nos héros. Si l'intrigue générale reste souvent classique (démasquer et contrecarrer le bad guy de service), Alan Moore, en scénariste génial qu'il est, insère des sous-intrigues passionnantes, qui lui permettent au passage d'approfondir les relations entre les personnages et de développer les caractères et nuances de chacun. Triangle amoureux Quatermain/Harker/Hyde, trahisons internes, conflits d'intérêts, les rebondissements sont nombreux. La patte du maître est là et bien là. Quant aux dessins, beaucoup les décriront comme… laids. Ça devient presque une habitude avec les BD de Alan Moore. Kevin O'Neill n'est certainement pas le plus académique des dessinateurs, et si son trait ne possède pas la virtuosité d'un Miller, d'un Anacleto ou d'un Sienkiewicz (pour rester dans le monde des comics), il fait preuve d'une finesse et d'un pouvoir évocateur impressionnant. Grâce entre autres aux couleurs de Benedict Dimagmaliw (non, il n'y a pas de faute de frappe !), son trait simple chargé de détails (paradoxal hein ?) nous gratifie de quelques splash-pages de toute beauté. Et finalement on se prend à se demander quel type de dessin aurait pu mieux convenir que celui-ci à une ambiance aussi originale. O'Neill rend justice aux personnages et sert l'anachronisme de certaines scènes de très belle manière. Bref, cette Ligue des Gentlemen Extraordinaires version papier est plus que recommandable si les expériences hors du commun ne vous font pas peur …

Mais qu'en est-il du film ?
Je dois avouer que parmi toutes les adaptations ciné de BD et Comics qui déferlent sur nos écrans, j'attendais celle-ci avec impatience. Et après visionnage, il faut bien dire qu'on reste loin du compte… mais ce n'est pas un film raté pour autant.
Soyons clairs, les BD à l'écran c'est la mode, LXG n'échappe pas au phénomène avec tout ce que cela comporte d'avantages et d'inconvénients. Rien que le titre "LXG" trahit la volonté de surfer sur les récents succès des super-héros au cinéma, la symbolique du X faisant ouvertement référence aux X-Men dont la conversion au grand écran a été auréolée de succès public.
Comme dans toute adaptation, le film n'est pas d'une fidélité sans faille au comics d'origine, loin s'en faut. Tout d'abord, Allan Quatermain devient le leader du groupe, Mina Harker étant largement sous-exploitée dans le film. Quand on sait que c'est Sean Connery qui interprète l'aventurier anglais, et qu'il est aussi producteur du film, on comprend mieux le changement. On voit même mal comment il aurait pu en être autrement…

Outre le fait que l'intrigue n'a rien à voir avec celle du comics, la plus grosse différence se situe dans la composition même de la Ligue. Deux personnages sont ajoutés au groupe. Tout d'abord Dorian Gray, doté du pouvoir d'immortalité et d'éternelle jeunesse (et issu du roman fantastique d'Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray). Plutôt bien vu comme ajout, tout à fait dans l'esprit de la BD. Le second est plus étonnant : c'est Tom Sawyer, jeune agent secret américain qui va devenir le protégé (en comics on appelle ça un "side-kick", comme Robin pour Batman par exemple) de Quatermain. Le personnage de Mark Twain n'apporte rien au film, même sa relation avec le vieux Quatermain (relation du type père-fils hein, me faites pas dire ce que vous pensez !) n'amène rien, faute de temps pour la développer correctement. En réalité, les producteurs (américains) du film ont suggéré qu'il était nécessaire d'insérer un personnage auquel le jeune public (américain) puisse se référer et d'identifier. Faut dire que s'identifier à n'importe quel autre taré de la bande s'avère légitimement difficile !! :o) Tom Sawyer ne doit donc sa place dans le film qu'à la volonté des producteurs d'attirer le jeune public (américain) dans les salles. Ce qui à mon avis ne tient pas la route un seul instant. Sauf peut-être si c'était Eminem qui avait décroché le rôle, les jeunes américains doivent se contre-foutre de Tom Sawyer…
Au chapitre des points négatifs du film, le scénario souffre de gros "trous", d'ellipses et autres raccourcis narratifs plutôt dommageables… Il est important de préciser à ce sujet que le réalisateur Stephen Norrington (Blade) a été remercié en phase de post-production, suite à des "incompatibilités d'ordre artistiques" avec l'acteur principal, et rappelons-le producteur du film, Sean Connery. Le montage un peu chaotique par moment et l'enchaînement narratif des scènes sont là pour prouver que le film a été bouclé sans réalisateur digne de ce nom. D'ailleurs après cette mésaventure, Stephen Norrington qui devait enchaîner avec l'adaptation d'une autre BD, Akira, a annoncé qu'il désirait reporter ce projet pour prendre du recul vis-à-vis du cinéma hollywoodien…
Alors oui, je vous le concède, tout cela n'est pas fait pour rassurer quant à la qualité du film. Et il est regrettable que le réalisateur n'ait pas eu le temps d'approfondir ses personnages qui sont nombreux. Tout au plus entraperçoit-on des embryons d'idées qui permettent d'humaniser (si c'est possible !) ces héros si particuliers. La culture et la froideur de Nemo, le combat intérieur de Jekyll et Hyde, leur attirance pour Mina, l'humour cynique de Griffin, le peu d'intérêt que porte Quatermain à ses propres exploits, tout ceci est là, se devine, se ressent confusément, mais n'a pas le temps d'être abordé de manière satisfaisante. On se doute du potentiel des personnages et des situations, mais l'action prime.
Car LXG c'est avant tout un film d'action. Et avec ce point on aborde les bons côtés du film. On ne s'ennuie pas, à aucun moment. Le matériau de base est si riche que l'inverse eut été étonnant. Niveau action on est servi. Niveau effets spéciaux et visuels également. Le Nautilus est majestueux, Londres, Paris et Venise sont recréées avec soin. Hyde est assez proche de sa version papier, je l'aurais aimé aussi sauvage, mais il est physiquement très réussi à mon sens. Mina Harker reste sous-exploitée, y-compris dans les effets spéciaux qui nous proposent toutefois une bien belle vampire. L'Homme Invisible est je crois le plus réussi de tous, la retranscription de ses pouvoirs à l'écran est vraiment bluffante de réussite.
Ajoutons à cela une interprétation excellente des acteurs, dont la distribution est proche de la perfection. Chacun " habite " son personnage avec talent. Il n'y a pas d'erreur, le casting est une des grandes forces du film.
Et ce qui sauve le film, lui donne toute sa valeur et sa personnalité, c'est l'univers qu'il réussit à rendre en images. Les décors sont magnifiques, le moindre détail répond à un design très précis. Les images, les éclairages, les couleurs, tout est visuellement parfait. Une véritable ambiance de fin de siècle se dégage à l'écran, avec ce mélange entre classicisme de la fin du XIXème siècle, rudesse de l'ère industrielle où le charbon et la vapeur régnaient en maîtres, et folie d'une technologie audacieuse qui marie avec succès passé et futurisme. C'est une chose que le réalisateur a su parfaitement retranscrire de la BD. Ce côté classieux, kitsch et baroque à la fois. C'est très surprenant et complètement abouti.

Alors je ne vais certainement pas vous dire que LXG est un film parfait et irréprochable. Le film n'est pas toujours très fidèle au comics. De même que le comics n'est pas non plus d'une fidélité absolue envers les mythes de la littérature qu'il met en scène. Et Finalement ce n'est pas le plus important je pense. Si je suis resté dubitatif face à certains choix, si le film est un peu en-deçà de ce que j'attendais, il m'a laissé une bonne impression, j'ai été séduit par certaines scènes, certains plans. Et surtout il m'a donné une furieuse envie de relire la BD, dont je le signale en passant et pour finir, le 4ème tome en VF sort en fin d'année aux Éditions USA.
Si à défaut de faire gagner des spectateurs au film j'ai pu aiguiser la curiosité de certains pour la BD, j'en serais déjà très content…
Marv’


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